Depuis près d'un siècle, les gangsters lyonnais dominent la région au rythme des braquages, règlements de comptes et trafic de drogue, avec la Suisse comme terrain de jeu. Découvrez la sombre histoire des bandits lyonnais et leur influence sur la région dans le documentaire " Gangsters, la recette lyonnaise".

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Le documentaire d'Éric Merlen et Thierry Gerberon, "Gangsters, la recette lyonnaise", explore les figures emblématiques du grand banditisme et retrace, depuis l’après-guerre, comment les milieux criminels, les gangs et leurs alliances ont façonné l’histoire de Lyon. Il met en lumière les fidélités, les trahisons et les territoires d'action de ces groupes.

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Au menu du documentaire ! ©France télévisions

La proximité de la Suisse, riche voisine, et de la Nationale 7, reliant Lyon à Paris et Marseille, a stimulé l'appétit des voyous lyonnais dès les années 50, constituant ainsi une aubaine pour le grand banditisme.

La Suisse : un terrain de jeu privilégié

La Suisse fait face à une montée des crimes organisés, notamment des vols de voitures de luxe et des cambriolages, souvent orchestrés par des malfaiteurs lyonnais. Yanis Callandret, chef de la police judiciaire fédérale suisse, indique que ces dernières années, les opérations criminelles se diversifient, impliquant des équipes plus nombreuses menant des actions moins audacieuses que par le passé.

Les autorités suisses ont tardé à reconnaître la gravité de la menace, ce qui a nécessité des ajustements dans les mesures de sécurité, notamment pour le convoyage de fonds. Les banques, bijouteries et armureries, convoitises des criminels, font de la Suisse une source d'approvisionnement en armes pour le milieu lyonnais, avec des jeunes de cités s'impliquant dans ce marché lucratif.

En 2017, un gang lyonnais déguisé en faux policiers a braqué un fourgon près de Genève, dérobant 35 millions d'euros avant d'être arrêté peu après. Face à la multiplication des braquages, les services de police suisses et français collaborent étroitement, menant à l'incarcération d'une cinquantaine de braqueurs entre 2020 et 2021.

Au cours des dix dernières années, les braqueurs lyonnais ont dérobé plus de 200 millions de francs suisses. En 2022, l'APJ lyonnaise estime que près de 250 gangsters violents restent actifs, un cycle inquiétant pour l'avenir. Parallèlement, plus de 1500 tonnes de cannabis et plusieurs tonnes de cocaïne transitent chaque année vers Lyon, illustrant l'ampleur du trafic de drogues dans la région Rhône-Alpes.

Le gang des Lyonnais 

Les années 70 en France sont marquées par une actualité brûlante dans le milieu du grand banditisme. La police découvre, au fil des hold-up audacieux, une organisation très professionnelle qui amasse un butin considérable. C'est le début de l'histoire du « Gang des Lyonnais », dont les membres, soucieux de ne pas faire couler le sang, écument le pays pendant des années.

Le gang est incarné par des figures emblématiques telles que Jean Augé, dit « P’tit Jeannot », Joanny Chavel, surnommé « Gros Jeannot », et Pierre Pourrat, alias « le Docteur ».

Ils sont rejoints par Nicolas Caclamanos, connu sous le nom de « Nick le Grec », et Edmond Vidal, surnommé « Momon le ferrailleur ».

Ensemble, ils suscitent admiration et fascination grâce à des coups bien ficelés, comme le casse de Chambéry et, six mois plus tard, le célèbre braquage de la poste de Strasbourg, où ils dérobent 11 millions de francs en moins de cinq minutes.

Au moment du braquage, un fourgon entre dans la cour centrale de la poste, transportant des sacs contenant les pensions et salaires de plusieurs milliers de personnes. Six cambrioleurs s'emparent du chargement. Un fait divers largement couvert par les journaux et commenté dans les familles lyonnaises. 

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Cependant, leur réputation s'assombrit avec l'assassinat du juge François Renaud, chargé d'enquêter sur le gang en 1975. Ce meurtre, exécuté par trois balles à bout portant devant sa compagne, choque le public et révèle une facette plus sombre du gang. Le fils du juge Renaud accuse le Gang des Lyonnais d'être responsable de la mort de son père, affirmant que ce dernier a été tué pour avoir relié banditisme et politique. Dans son livre Justice pour le juge Renaud, il souligne la responsabilité du gang. 

Une ordonnance de non-lieu est rendue en 1992 par le juge Fenech. Le crime prescrit depuis 2004, laisse le meurtre du juge Renaud impuni.

Quand le crime touche l'innocence

Dans les années 70, les enlèvements crapuleux atteignent leur apogée, avec une douzaine de kidnappings de riches industriels et notables recensés en 1975. À Lyon, une nouvelle limite est franchie le 9 décembre, lorsque Christophe Mérieux, un enfant de neuf ans et petit-fils du fondateur du groupe pharmaceutique lyonnais, est enlevé sur le chemin de l’école.

Après plusieurs mois d’enquête, Louis Guillaud est arrêté et condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Cependant, il ne révèle ni les noms de ses complices ni celui du commanditaire de l’enlèvement.

Dans ce contexte de grande violence, de nouvelles équipes profitent du vide laissé par l'arrestation du gang des Lyonnais et la mort d’Augé. Plusieurs fratries et clans familiaux émergent alors et prennent le contrôle du milieu lyonnais.

Figures emblématiques et luttes de pouvoir

Dans les années 80, le clan des frères Vaccarizi règne sur le proxénétisme lyonnais. Pour défendre leur territoire, ils n’hésitent pas à éliminer quiconque les dérange ou tente de leur voler des places de prostituées. 

Ils se distinguent également comme des braqueurs redoutables. Un jour, ils ouvrent le feu sur un véhicule de la BRI, ce qui entraîne l'interpellation de plus de 40 personnes. Raymond Vaccarizi parvient à échapper au coup de filet et s'exile en Espagne, où il tente de maintenir sa mainmise sur le territoire lyonnais.

Cependant, de jeunes loups, comme les frères Nivois, sont déterminés à prendre la relève, ce qui déclenche une guerre des clans. En attendant son extradition, Raymond Vaccarizi est exécuté à la fenêtre de sa cellule en Espagne, touché au front par deux balles.

D'autres clans familiaux émergent au cœur des années 80 : les frères Roche, également braqueurs et proxénètes, et les frères Lotos, considérés par certains comme les parrains secrets de Lyon.

Au début de cette décennie, Lyon devient le théâtre d'une série de braquages. Les auteurs se caractérisent par leur nervosité extrême et leur propension à tirer sans distinction, laissant les services de police désemparés. Ce sont des criminels violents et difficiles à identifier, jusqu'à ce que l'on découvre qu'ils appartiennent à la branche lyonnaise d’Action Directe.

Le marché stupéfiant de la drogue

Entre les années 80 et 90, de nombreux criminels s'exilent en Espagne pour développer des activités illégales. René Nivois, responsable de l'assassinat de Raymond Vaccarizi, établit depuis la Costa Brava une organisation de trafic de drogue vers la région lyonnaise, principalement axée sur le cannabis importé du Maroc. Ce trafic est souvent perçu par les criminels comme moins grave qu'un vol à main armée.

Dans les années 2000, de jeunes recrues prennent de l'autonomie, ce qui entraîne des opérations policières ciblées. La coopération entre la police et la gendarmerie se renforce, permettant de démanteler plusieurs réseaux criminels. Malgré ces efforts, le nombre de points de deal à Lyon explose, rendant la situation préoccupante pour les autorités.

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Faire face au trafic de drogue et de stupéfiants ©France télévisions

L'histoire tumultueuse du Gang des Lyonnais, marquée par des luttes internes et des décès tragiques, a inspiré le film Gangsters d'Olivier Marchal, sorti en 2002. Loin d'être des héros, les membres de ces gangs ont laissé une empreinte indélébile sur la population lyonnaise, soulevant des questions sur la sécurité, la peur et l'identité de la ville. Leur héritage complexe continue de résonner aujourd'hui, témoignant des effets durables du crime organisé sur la communauté.

"Gangsters, la recette lyonnaise"    Un film de Eric Merlen    Réalisation Thierry Gerberon  • Coproduction Nomade Productions et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes à voir ce jeudi 17 octobre 2023 à 22 h 50 sur France 3 Centre Val de Loire et à retrouver en replay sur france.tv.

 

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