C'est une belle rencontre, un moment étonnant passé, avec une artiste américaine, Laurie Karp, au POCTB Paysooù le ciel est toujours bleu), une galerie d'art orléanaise. "Buffet garni", c'est le nom de cette exposition d'art contemporain, un régal pour les yeux.
Au vernissage, face à cette femme d'apparence fragile, le mot "potiche mythologique" m'échappe pour décrire ses oeuvres. Laurie Karp s'esclaffe, et lance un charmant "Why not ". Cette plasticienne américaine fait partie des 7 artistes, qui exposeront jusqu'au 16 décembre à la galerie du POCTP, Pays où le ciel est toujours bleu, à Orléans. "Buffet garni" est une sélection d'oeuvres d'artistes variés, choisie par le commissaire, Sébastien Pons, On, y retrouve le peintre Christian Bonnefoi, mais aussi Jessica Lajard, Hervé Le Nost, Laurent Mazuy, Olivier Soulerin ou encore Clémence Van Lunen.
"Du festin barbare au buffet garni"
Pour revenir aux potiches, l'histoire commence cet été, Sébastien Pons choisit parmi les 80 pièces exposées au musée de la Chasse à Paris dans un "festin barbare" celles qui se fonderont dans son espace orléanais. L'artiste new-yorkaise lui donne carte blanche. Dans la grande salle d'exposition, les pièces de Laurie Karp posées çà et là, détonnent. La première faïence s'intitule la déesse et la tortue. Et oui, depuis toujours, les tortues entourent l'artiste. Dans certaines vidéos, elle s'allonge même en imitant l'animal.Puis, plus loin, "incendie-festin" et une saucière transformée en scène de chasse avec cerf. Son homme cerf, assis au bord de l'ustensile de cuisine est "le pendant de la Barbie, un jouet que l'on avait aux Etats-unis" le jouet spécial petit garçon américain, Gi Jo, un militaire virile en tenue" , ici détourné, comme d'ailleurs les théières et les vases. Plus loin, Laurie Karp évoque un pique-nique à la montagne aux ours, elle a imaginé des chasseurs et des ours. Pour elle, la mythologie est un tremplin ; elle est à la recherche de ses propres histoires, des mythologies personnelles, ses lieux ! Elle déambule dans l'exposition ... et là, son imaginaire l'entraîne vers un ourson, l'ours et la femme, une autre pièce plus ancienne. Son but : donner l'impression d'être un voyeur qui regarde à travers des judas. L'image se répercute. Là encore, les personnages paraissent réels, en mouvement dans des scènes troublantes où hommes et bêtes ont un rapport ambiguë.
Côté technique, la céramique est devenu sa matière de prédilection, même si elle l'avoue, a eu peur au début. Désormais, elle semble accepter l'aléatoire qui découle de ce matériau. Elle qui pourtant s'acharne sans cesse sur ses pièces jusqu"à les détruire quand elle est mécontente. Laurie Karp est fascinée par les hybridations. Souvent l'artiste associe image et textile.
A Orléans, c'est son travail sur l'émail qui est mis à l'honneur, des fragments anatomiques, destinés à un festin barbare. Dernière urne, une piétà nommée "She-Wolf", une pièce "faussement" douce, tendre par contre, une petite création qui ressemble beaucoup à Laurie Karp.
Exposition à découvrir à la galerie POCTB, 5 rue des Grands champs à Orléans jusqu'au 16 décembre 2018.