La métropole d'Orléans a décidé de supprimer la fête foraine qui rythmait la fin du mois de mai de la ville depuis les années 60. La faute au manque de place pour accueillir les caravanes, et à des nuisances remontées par les riverains. Mais les forains ne baissent pas les bras, et espèrent encore revenir en 2024.
La fête foraine à Orléans, c'est un rendez-vous pris, trois semaines par an, depuis les années 60 par les amateurs de sensations et d'amusement. En, bref : une institution. Sauf qu'une institution, parfois, ça s'effondre. Fin octobre, la métropole a fait le choix d'y mettre un terme, décision que les forains ont appris par courrier.
"Ç'a été un choc pour tous", confie Pascal Jardini, forain. Lui-même participe à la fête foraine d'Orléans depuis 30 ans, et y est titulaire. "Ma fille, c'est la cinquième génération qui vient ici." Il estime qu'Orléans représente "entre 20 et 25%" de son chiffre d'affaires annuel.
Un terrain dans l'impasse
La métropole met en avant plusieurs arguments. Déjà, le devenir du terrain des Groues, qui sert de camp de base aux caravanes des forains, doit revenir en 2024 à un aménageur. S'y dresseront bientôt un écoquartier et un parc. "Pour loger les forains, il faut un terrain entre un hectare et demi et deux hectares, explique Charles-Éric Lemaignen, adjoint au maire d'Orléans à la circulation et au stationnement. Il faut trouver un nouveau terrain, mais on n'en trouve pas."
Selon lui, les terrains que la métropole détient déjà "ne correspondent pas aux besoins", et "ceux qui appartiennent à d'autres, on ne veut pas nous les vendre".
Pascal Jardini, de son côté, a quelques idées pour contrer ce problème : "On pourrait peut-être disséminer les caravanes en plusieurs petits terrains, autogérés. On ne peut pas toujours demander des engagements à la métropole."
Autre souci invoqué par la collectivité : les nuisances. En particulier sonores, remontés par des riverains et des commerces locaux. Pourtant, "on a un cahier des charges avec un règlement sur le bruit", plaide le forain. Il estime que seuls "quelques gros manèges font du bruit, il ne faut pas sanctionner 130 forains, la personne qui a une pêche aux canards ne fait pas de bruit".
15 000 visiteurs pour 500 places de parking
Mais aussi des problèmes de stationnement. "On a un parking de 500 places, on avait demandé 1 500", résume Pascal Jardini. Résultat : les visiteurs se garent où ils peuvent près du Chapit'O, la structure qui accueille la fête foraine, c'est-à-dire sur les parkings du Burger King ou du Jardiland de Saran.
Le problème du stationnement est d'autant plus important que, selon le forain, la fête foraine peut accueillir "15 à 20 000 personnes un samedi". Autant de "clients qui sont attachés à la fête foraine d'Orléans", et à qui "on n'a pas demandé leur avis" avant d'annuler la venue de l'évènement. D'autant que, pour les titulaires de la fête foraine d'Orléans, il n'y a pas tellement de solution de repli :
Pour certains, on est des commerçants avec des roues. Ils disent : "C'est pas grave, ils iront dans une autre ville." Mais on ne nous attend pas ailleurs, les fêtes foraines sont déjà organisées avec des titulaires.
Pascal Jardini, forain
Mais du côté de la métropole, supprimer la fête foraine ne semble pas être un choix uniquement de circonstances. "Je m'interroge, confie Charles-Éric Lemaignen. Les distractions des jeunes d'il y a 50 ans ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui. Et puis les fêtes foraines de trois semaines, c'est un modèle qui n'est pas très écolo, et qui coûte cher dans une période de baisse du pouvoir d'achat." En somme : "Est-ce qu'il n'y a pas d'autres distractions pour les jeunes que la fête foraine à papa ?"
Reste que les discussions doivent encore s'engager. "J'ai encore confiance en la métropole", assure Pascal Jardini. Des représentants des forains doivent prochainement être reçus à la métropole.