Handicapé moteur et cérébral, Ludovic Béchu, 30 ans, devra faire 200 kilomètres de route pour trouver un lieu d'accueil adapté et seulement pour une période d'essai de 90 jours car il n'y a pas de place disponible. Une situation intolérable pour sa famille qui a écrit une lettre à Brigitte Macron.
Handicapé moteur et cérébral, Ludovic Béchu, 30 ans, est accueilli depuis une dizaine d'années dans un centre à seulement 20 minutes de chez ses parents, à la Maison d'accueil spécialisée de Dadonville, près de Pithiviers (Loiret). Seulement, la prise en charge dont il bénéficie n'est aujourd'hui plus adaptée à ses besoins.
"Ludovic a évolué, il est plutôt autonome, il peut se laver et se déplacer seul par exemple", indique sa sœur qui a elle même exercé auprès de personnes handicapées. Or le centre de Dadonville accueille des personnes lourdement handicapées qui demandent beaucoup de soins, ce qui laisse peu de temps pour les activités. Ludovic Béchu, lui, est très actif, il adore le football mais surtout la pétanque qu'il pratique très souvent. "Ludovic s'ennuie au centre, il a demandé à changer. Le personnel fait son maximum et nous n'avons rien à leur reprocher simplement Ludovic a besoin d'une autre prise en charge pour continuer de progresser", explique Marie-Josée Béchu, sa mère.
"Ludovic refusait de s'alimenter parce qu'il ne voulait pas retourner au centre"
Changer de centre est devenu absolument nécessaire. "Mon frère allait très mal. Il refusait de s'alimenter parce qu'il ne voulait pas retourner au centre le lendemain", souligne Jennifer Hautefeuille. En août 2017, la famille engage donc des démarches pour demander à ce que Ludovic Béchu change de lieu d'accueil. Le début d'une longue attente. Après plusieurs visites, la famille a trouvé un établissement qui pourrait convenir. Seul problème, il se trouve à Nevers, à 200 kilomètres de route.
La famille a reçu la semaine dernière la notification autorisant Ludovic Béchu à y aller pour une sorte de période d'essai de 90 jours. Et ce dernier va beaucoup mieux depuis qu'il sait qu'il va pouvoir changer de centre, en septembre a priori. Toutefois, il ne s'agit que d'un test, le centre de Nevers n'a à l'heure actuelle pas de place disponible.
Nous n'avons pas trouvé plus près. Il y a des listes d'attente dans tous les centres et il manque des structures d'accueil, se désole Marie-Josée Buché.
Sa mère est très inquiète : "Il restera là-bas 15 jours d'affilée alors qu'actuellement il rentre chez nous tous les week-ends et le mercredi. Cela va le perturber, c'est obligé". Sans compter les frais que la distance va engendrer. "Avec ce qui nous est remboursé, on peut payer un voyage en taxi. C'est tout !", déplore-t-elle. Elle relativise tout de même car son fils a déjà la chance d'être pris en charge au vu de la situation dans la région. Ludovic Béchu est loin d'être le seul à rencontrer des difficultés, dans le Loiret, une soixantaine de personnes doivent se rendre jusqu'en Belgique pour trouver une solution adaptée.
Le handicap devait être une priorité pour le gouvernement mais pour nous rien n'a changé, lâche sa sœur.
Une situation intolérable pour cette dernière qui a souhaité frapper fort en écrivant une lettre à Brigitte Macron et à Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées. Jennifer Hautefeuille a également créé une pétition en ligne et continue de se battre pour qu'il y ait plus d'établissements spécialisés, car il y a urgence.