Maïa Sandoz, metteuse en scène de la pièce qui se joue jusqu'au 5 novembre au théâtre d'Orléans a rencontré des lycéens de la région : « A quelques mois des élections présidentielles, interroger des jeunes adultes sur l'impact des choix qu'ils font, c'est très intéressant », apprécie-t-elle.
Trois petit tours et puis s'en va. Trois représentations combles, au théâtre d'Orléans, les 3, 4 et 5 novembre, pour la pièce L'abattage rituel de Gorge Mastromas, mise en scène par Maïa Sandoz. C'est le récit d'un virage. Celui de Mastromas, un homme tout à fait banal, intensément moral, indécrotablement bon (« ou lâche ? ») ; jusqu'à ce qu'il perde tout scrupule et s'adonne à la conquête, au succès et au mensonge.
Six comédiens incarnent tour à tour les personnages de cette histoire écrite par le britannique Dennis Kelly. Parmi eux Adèle Haenel, lauréate du César de la meilleure actrice en 2015 et actuellement à l'affiche du film La fille inconnue des frères Dardenne.
Pour elle comme pour la compagnie, il s'agit d'un retour à Orléans. L'équipe avait déjà pris ses marques sur les bords de la Loire en 2013, pour préparer la trilogie Mayenburg. Cette année, au sein de la Maison du Centre dramatique national (CDN), la troupe a peaufiné son jeu pendant deux semaines de résidence.
Vendredi 4 novembre, Maïa Sandoz a rencontré des élèves de première et terminale, option théâtre, du lycée Jacques Monod de Saint-Jean-de-Braye, dans le Loiret. Alors que la pièce va continuer sa vie ailleurs, à Alforville et Ivry (94) notamment, la femme de théâtre nous livre ses impressions sur son expérience orléannaise.
Pourquoi avoir choisi de réaliser cette pièce ?
Maïa Sandoz : Déjà, c'est une œuvre presque inédite, je ne l'ai jamais vue montée. Or sa dramaturgie est particulièrement riche, pleine de défis et d'ouvertures pour la mise en scène et l'imagination. Et puis il y a le sujet : Mastromas, c'est une alégorie du monde capitaliste et de l'idéologie néolibérale. La pièce pose des questions sur la morale et le courage, qui sont très importantes aujourd'hui. Elle présente aussi l'intérêt de ne pas être moralisante.Qu'est-ce que la résidence au CDN vous a apporté ?
Maïa Sandoz : Entre les membres de la compagnie, c'est une vieille histoire d'amour, certains travaillent ensemble depuis 20 ans. Etre au CDN nous a aidé à aller au bout du projet. On est tous Parisiens et le fait d'être loin de chez nous nous a permis de nous concentrer sur notre travail.Dans la pièce, vous faites un clin d'œil original au doublage de voix au cinéma. Qu'est ce que cela représente?
Maïa Sandoz : Quand les acteurs doublent une scène au lieu de la jouer, c'est une façon de garder la dynamique et l'ironie présente dans le texte. Et puis c'est surtout une mise en abyme du mensonge, qui est un élément central de la pièce.Comment s'est passée votre rencontre avec les lycéens qui ont vu la pièce ?
Maïa Sandoz : Ils avaient une grande compréhension du spectacle dans sa forme, c'est-à-dire de la façon dont l'histoire est racontée. On a beaucoup parlé des astuces de mises en scène. Pour le fond, ça demande peut-être plus de temps pour murir la réflexion. Ce qui me plaît dans cette pièce ce sont les débats qu'elle soulève. Pour moi, elle nous interroge sur la justice sociale, sur l'égalité et surtout sur la question de l'action. A quelques mois des élections présidentielles, interroger des jeunes adultes sur l'impact des choix qu'ils font, c'est très intéressant.Autour de la pièce :
Samedi 5 novembre à 16h, l'émission de radio « Le Swag de Voltaire », consacrée à la pièce, est enregistrée au théâtre d'Orléans, en direct et en public. Pour la réaliser, les élèves de terminale théâtre option obligatoire du Lycée Voltaire seront accompagnés de Joëlle Gayot, journaliste à France Culture et de Viviane Berreur pour Radio Campus.