Alors que le ministre de l'Education nationale annonce la suppression de plus de 1000 postes d'enseignants à la rentrée prochaine dans le secondaire, en 2018 de nombreux collégiens et lycéens n'ont toujours pas de professeurs dans certaines matières.
"C'est tout bonnement scandaleux ! Jean-Michel Blanquer fait une annonce budgétaire qui ne tient pas compte des besoins." Pour Michel de Peyret, secrétaire académique du SGEN-CFDT, la rentrée 2019 s'annonce mal alors que celle de 2018 est déjà loin d'être idéale.Début septembre, le jour de la rentrée, la rectrice annonçait que 118 postes étaient vacants dans l'Académie d'Orléans-Tours. Deux semaines plus tard, le rectorat n'est pas encore en mesure de fournir des chiffres précis sur le nombre de postes qui ont été comblés par des contractuels (qui n'ont pas nécessairement passé les concours ni suivi les formations de l'Education nationale) et sur ceux qui restent encore vacants. Officiellement, d'après le rectorat, cette rentrée se passe plutôt mieux que la précédente mais dans certains établissements de nombreuses heures de cours ne sont toujours pas assurées.
Au lycée François Villon de Beaugency (Loiret) deux classes de 1ère SES (Economie) n'ont pas de professeur d'économie depuis la rentrée. Au collège Blaise Pascal de Châteauroux, cinq postes étaient vacants la semaine dernière. Aux collèges de Neuvy-Saint-Sépulchre et Sainte-Sévère dans l'Indre, on cherche des professeurs de physique. A Ingré (Loiret), il manque un professeur de musique et la liste est longue...
"En mathématiques et physique, ça devient un problème récurrent. L'économie-gestion devient aussi une matière en tension et il manque 12 professeurs de lettres classiques dans la région", explique Michel de Peyret. "Pour les gens issus des filières scientifiques, il est clair que le métier d'enseignant devient de moins en moins attractif. Il n'y a personne sur les listes d'attente."
Pour Eloïse Gonzalez,du SNES-FSU de l'Indre "le pire est que parfois, le rectorat n'a pas l'air au courant quand on lui signale des postes non comblés. C'est pourtant une situation qu'on pouvait voir venir puisqu'il y a eu un baby-boom entre 2006 et 2008. La situation qu'on a connue dans les maternités et les maternelles, on la retrouve dans les collèges aujourd'hui."
Toujours plus de contractuels dans le primaire
Le recours quasi-systématique aux contractuels commence aussi à concerner l'école primaire. La direction académique d'Indre-et-Loire vient d'annoncer qu'elle cherche à recruter une dizaine d'instituteurs. "Jusqu'en 2016, on ne faisait pas appel aux contractuels comme ça dans le primaire," explique Stéphane Ricordeau, du SNUIPP de Loir-et-Cher. "Mais le ministère interdit maintenant de faire appel aux personnes qui ont passé les concours et qui sont en liste d'attente. Si on les recrute, c'est avec le statut de fonctionnaire, pour 40 ans, et ça coûte cher. Les contractuels, on peut s'en débarrasser à la fin de l'année scolaire si on n'a plus besoin d'eux. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas le même niveau de formation que les enseignants issus du concours et ce sont les enfants qui risquent d'en souffrir."
Cette politique de recours aux contractuels est aujourd'hui clairement assumée par l'Education nationale qui diminue le nombre de places dans les concours même quand le besoin d'enseignants reste constant ou augmente.