Directement concernés par la disparition des régimes spéciaux, voulue par le gouvernement, les salariés de l'énergie se mobilisent contre la réforme détaillée par le Premier ministre Edouard Philippe.
Les annonces d'Edouard Philippe n'ont pas fait baisser la tension. Les personnels de l'énergie se mobilisent fortement dans le Centre-Val de Loire, affichant des taux de grévistes importants. Ils sont en effet directement concernés par la disparition des régimes spéciaux voulue par la réforme des retraites du gouvernement.
"On a beaucoup parlé des grèves de la RATP ou de la SNCF, mais dorénavant, on va aussi entendre parler de l'énergie", selon Stéphane Menesplier, secrétaire général de la branche Mines-Energie (FNME) de la CGT, cité par Le Parisien. "Cette réforme, c'est une remise en cause pure et simple du statut des Industries électriques et gazières. Donc de notre contrat de travail", a-t-il expliqué.
A Saint-Laurent, les barrages continuent
Alors sur place, les grévistes comptent bien se faire entendre. A l'entrée de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (41), un barrage filtrant est mis en place tous les jours depuis le début de la grève le 5 décembre. Et ce malgré une baisse du nombre de grévistes.
"Le 5 décembre, on était 67% de grévistes sur un effectif de 550 personnes présentes sur le site", détaille Thomas Plancot, responsable CGT sur la centrale. Si ce nombre est descendu à 45% mardi, la détermination est restée intacte : "Avec cette réforme, les gens seront contraints de partir à la retraite au-delà de l'espérance de vie en bonne santé, soit 62-64 ans. Alors qu'avec les réserves, on pourrait financer la retraite à 60 ans pour tous. Ça, ça serait une réforme juste."
Mêmes revendications sur le site de Belleville (18). "Cette réforme ne prend pas du tout en compte les pénibilités, s'indigne Kévin Theis, délégué syndical CGT. Nous voulons l'inverse de cette réforme, un régime particulier en fonction des spécificités de chaque métier."
Une grève motivée... mais entravée
Malgré cette forte mobilisation, la grève n'a pu arrêter aucun réacteur. En cause : les notes Benat et Daurès de 1990, qui imposent à tous les agents d'EDF une obligation de service public. Le Réseau de transport de l'électricité (RTE) peut en effet demander aux grévistes de garder en marche les réacteurs des centrales si la production est jugée insuffisante. Un bon moyen d'éviter le black-out, comme l'explique Le Point.
"Comme on ne peut pas baisser la production, c'est surtout une grève pour les statistiques, pour montrer qu'on est présents", admet Simon Lagache, syndicaliste Sud sur la centrale de Dampierre (45). Là-bas, le taux de grévistes est passé d'environ 50% à une moyenne de 25% ces derniers jours.
"On encourage les manifestations, mais des collègues n'aiment pas perdre des journées de salaire sans que ça ait réellement d'effet sur la production", ajoute le syndicaliste. Certains agents pourraient choisir de couper le courant sans autorisation de RTE, mais s'exposeraient alors à des sanctions.
A Saint-Laurent, Thomas Plancot reste confiant : "Nous espérons qu'une tranche sera manoeuvrante mardi. Si tel est le cas, nous appellerons à la baisse de charge." Avec une tranche "manoeuvrante", c'est-à-dire sans obligation de production minimale de la part de RTE, les salariés espèrent avoir un impact.
Pour l'instant, la grève n'a causé aucun défaut d'alimentation sur le territoire, et n'a pas fait monter le prix du kW/h à l'achat pour EDF. Ce qui serait un bon moyen de faire pression sur le gouvernement s'ils retrouvaient le droit de fermer les valves à électrons.