Pour protester contre la suppression de la redevance, promise avant sa réélection par le président de la République Emmanuel Macron, les personnels de l'audiovisuel public (télé, radio et web) sont en grève ce mardi 28 juin.
Emmanuel Macron l'avait annoncé pendant la campagne présidentielle, il l'a confirmé le 11 mai dernier, juste après sa réélection : le chef de l'Etat indique que "la contribution à l’audiovisuel public sera supprimée de manière pérenne dès cette année".
La contribution à l'audiovisuel public, c'est la redevance que paye chaque foyer équipé d'une télévision ou d'un "dispositif assimilé", selon le site service-public.fr. Elle s'élève à 138 euros par foyer fiscal en métropole, 88 euros en Outre-Mer. Son rôle est d'assurer le financement de l'audiovisuel public, à savoir France Télévisions, Radio France, l'Ina, France Médias Monde, TV 5 Monde et Arte.
Le but de la promesse d'Emmanuel Macron : rendre "du pouvoir d’achat à hauteur de 138 euros par an (chiffrage pour la France métropolitaine) à près de 23 millions de foyers redevables". Une suppression qui, selon le président, sera compensée et "assurée dans le respect de l’objectif à valeur constitutionnelle de pluralisme et d’indépendance des médias".
"La plus grande incertitude"
Mais cette annonce inquiète l'intersyndicale de France Télévisions (CGT, CFDT, FO, SNJ, Sud et Unsa), qui a déposé un préavis de grève ce mardi 28 juin, avec une manifestation organisée devant les grilles de l'Assemblée nationale à Paris. Pour les syndicats, la décision d'Emmanuel Macron, "prise sans aucune concertation préalable et sans qu’aucune piste de substitution crédible n’ait été élaborée, plonge l’ensemble du secteur dans la plus grande incertitude", assurent-ils dans un communiqué.
Pour les syndicats, la suppression de la redevance revient à remplacer "un système de financement" par "une budgétisation on ne peut plus aléatoire". Soit une façon supplémentaire d'entailler les budgets de l'audiovisuel public :
Qu’ont fait depuis [2008] les gouvernements successifs pour refonder le financement de l’audiovisuel public ? Rien sinon une succession de plans d’économie drastiques qui ont saigné à blanc nos entreprises et dangereusement affaibli le service public face à une concurrence de plus en plus agressive.
Intersyndicale France Télévisions
Pour les grévistes, plane le spectre du démantèlement du service public, et une privatisation des entreprises de l'audiovisuel public. Marine Le Pen avait déjà promis, durant la campagne, une privatisation du réseau France 3.
C'est pour protester contre un "passage en force" du pouvoir, et pour réclamer "un débat approfondi" sur la redevance qu'une partie des salariés de France 3 Centre-Val de Loire sont en grève ce mardi. Conséquence : vous l'avez peut-être constaté, ce mardi un journal "toutes régions" était diffusé sur votre antenne régionale. Sur le site web, l'activité est également amoindrie. Ce mouvement de grève concerne également les antennes de Radio France, et ce mardi, les programmes des stations France Bleu Berry, France Bleu Touraine et France Bleu Orléans sont eux aussi perturbés.
Où va la redevance ?
France Télévisions est le plus gros consommateur de la redevance audiovisuelle, les deux tiers de cette dernière servant à financer les programmes du groupe France TV.
Le reste est réparti entre Radio France, France Médias Monde (France 24 et RFI), TV5 Monde, l'Ina et Arte.