Tritium dans la Loire : les relevés ont été faussés par la méthodologie des prélèvements, d'après l'IRSN

Dans une note publiée le 17 octobre, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire a émis des doutes sur le rapport de l'association Acro à propos des rejets de tritium dans la Loire cet été. Ces mesures ont pu être grossies par une méthodologie défaillante.

Le niveau anormal de tritium mesuré dans la Loire cette année est vraisemblablement lié à un problème de méthodologie des prélèvements, a estimé ce 17 octobre l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui va poursuivre son enquête.

 

Des mesures proches de celles relevées habituellement

L'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) avait annoncé en juin, au terme d'une campagne de mesure, un niveau élevé de tritium (isotope radioactif de l'hydrogène dans la Loire et la Vienne. En juillet, l'association révélait une carte des "villes contaminées", parmi lesquelles figuraient Tours, Blois et Orléans. L'IRSN commentait alors qu'à "une seule exception, les résultats des mesures réalisées dans le cadre de cette étude sont proches de ceux habituellement mis en évidence par les différentes surveillances réalisées sur le fleuve".
 
Faisant le point sur ses investigations dans une note d'information, l'IRSN estime "peu vraisemblable" que le taux exceptionnel mesuré à Saumur corresponde à un incident dans le processus des rejets des centrales nucléaires d'EDF, dont cinq se situent dans la région. Les centrales ont le droit de rejeter du tritium dans la limite de seuils fixés par les autorités.

 

Un "problème lié à la méthodologie de prélèvement"

L'hypothèse d'un rejet par une source autre qu'EDF est pour sa part "difficile à consolider". Les experts jugent qu'un "problème lié à la méthodologie de prélèvement" est "l'hypothèse la plus vraisemblable". Plus spécifiquement, la cause la plus probable réside dans des prélèvements en dehors de la zone dite de "bon mélange", c'est-à-dire dans laquelle la concentration en tritium est homogène.

"A la date de détection par l'ACRO du pic de concentration à Saumur, la principale source d'écart entre la mesure issue de la surveillance régulière et le modèle serait à attribuer principalement à un retard dans l'homogénéisation des rejets issus de la centrale de Chinon", indique l'IRSN.

Celui-ci compte poursuivre son enquête, avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), en lançant une nouvelle campagne de mesure dans des conditions "aussi proches que possibles" de celles ayant conduit à la mesure de l'ACRO à Saumur (en hiver, dans une période de basses eaux).

 
Radioactivité : la dose fait le poison
"3,6 Röntgen ? Pas terrible mais j'ai vu pire." Cette phrase prononcée par un personnage de la série Tchernobyl serait incompréhensible sans le contexte dramatique, dans lequel les personnages viennent de provoquer l'explosion accidentelle d'une centrale nucléaire. L'actualité elle aussi nous sature parfois de dosages et d'unités de mesure difficiles à saisir : en voici quelques-unes, fournie par la documentation de l'IRSN.


Le Becquerel

Le becquerel est l’unité de mesure de la radioactivité, d'après l'IRSN. Il correspond à une désintégration par seconde, quel que soit le type de rayonnement émis (α, β, γ ou neutron).
 
  • Un humain de 70kg a une activité de l'ordre de 130 Bq/kg
  • Du fait du potassium 40 qu'elle contient, une banane possède également une activité de l'ordre de 130bq/kg
  • L'eau douce possède naturellement une radioactivité de l'ordre de 0,1 Bq/L
  • Limite des rejets considérés comme "non contaminés" par EDF : 1 Bq/L
  • Seuil de dépistage dans l'Union européenne 100 Bq/L
  • Valeur guide de l'OMS pour le tritium (qui reste sans effet sanitaire en ce qui concerne le tritium) : 10 000 Bq/L


Le Sievert

"Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison" écrivait Paracelse, et en matière de radioactivité, le Sievert est l'unité par laquelle on mesure la dose de rayonnements reçue. Cette unité est utilisée pour estimer la dose de radioactivité subie par l'organisme et ses éventuels effets. Elle est le plus souvent rattachée à une période (mSv par heure, par an etc.) La radiotoxicité (mesurée en Sievert par Becquerel, ou Sv/Bq) varie d'un isotope à l'autre.
 
  • La dose de radioactivité annuelle autorisée pour la population (hors rayonnement naturel et médecine) est de 1mSv. 
  • Une radio thoracique représente 0,14 m Sv en moyenne, un scanner aux rayons X 8,8 mSv
  • Un vol Paris-Tokyo représente, par rayonnement cosmique, une dose de l'ordre de 0,1 mSv en tout
  • En France, l'exposition à la radioactivité naturelle est de 2,4 mSv
  • La dose causée par la zone de Tchernobyl (hors zones de contrôle permanent) avoisinne 1 mSv/an


Période radioactive, période biologique

La demi-vie, ou période radioactive, est le temps nécessaire pour que l’activité d’une source diminue de moitié. Cette activité continue à décroître de façon exponentielle. La période biologique est la durée au bout de laquelle la moitié de l'élément est éliminé de l'organisme. Dans le cas du tritium, la période radioactive est d'environ 12 ans mais la période biologique se situe entre un mois et un an.
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