La détermination de l'Etat à lutter contre la violence en Corse est "totale", a réaffirmé samedi le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.
"Ceux qui commettent des crimes, ceux qui font exploser des villas, doivent savoir que la volonté et la détermination de l'Etat de mettre fin à ces agissements criminels est totale", a dit Manuel Valls aux journalistes, place Beauvau, avant de promettre une "politique de harcèlement contre ces individus".
Aucun lien n'est établi entre l'assassinat, commis sous les yeux d'un enfant de onze ans légèrement blessé, et cette nuit bleue, la troisième de l'année.
Le ministre a dénoncé cette "véritable exécution" à Calvi, "un acte barbare devant un enfant, lui-même blessé et encore hospitalisé". Quant aux attentats qui visaient des résidences secondaires, ils ont touché "quatorze communes et vingt constructions", en Haute-Corse et en Corse-du-Sud, sans faire de blessé, a confirmé Manuel Valls.
Le ministre a précisé qu'il y avait eu pour l'heure 70 attentats cette année en Corse, contre 62 en 2011. En 2007 et 2008, il y en avait eu 183 et 88, a-t-il ajouté.
"Nous ne devons pas céder au fatalisme qui peut exister devant une violence qui est ancrée en Corse depuis longtemps, depuis si longtemps...", a-t-il dit, affirmant: "Je suis convaincu que nous obtiendrons des résultats".En Corse, les réactions de condamnation se multiplient également
Pour Jean-Jacques Panunzi, président du conseil général de la Corse du sud, ces actes criminels sont un nouveau mauvais signal à l’adresse d’une société déjà meurtrie qui aspire à la paix.
De son côté, la Ligue des droits de l'homme lance un appel à la classe politique pour que soit dites de nouvelles règles permettant d’endiguer les appétits financiers et de développer la Corse.
Intolérable déclare le Premier ministre
Jean-Marc Ayrault assure que le gouvernement va "tout mettre en oeuvre" contre la "spirale du crime" en Corse, après un 20ème assassinat depuis le début de l'année dans l'île, vendredi, et une vingtaine d'attentats contre des résidences secondaires la nuit suivante.
"Ce qui s'est passé en Corse est intolérable", déclare le Premier ministre dans une interview au Journal du Dimanche. "Nous sommes confrontés à un problème spécifique en Corse, tout comme à Marseille. Manuel Valls fait un travail acharné pour rétablir la sécurité. Christiane Taubira agit pour que la justice prévale".
"À Marseille comme en Corse, le gouvernement s'est donné de nouveaux moyens pour s'attaquer à la racine du mal, pour aller au fond des choses, c'est-à-dire lutter contre cette pègre, contre ces organisations de type mafieux. Derrière ces actes se cache une organisation criminelle que nous voulons attaquer au coeur. En tant que Premier ministre, je ne me contenterai pas de mots. Nous allons tout mettre en oeuvre pour stopper cette spirale du crime", assure-t-il.Un lourd contexte
Le vingtième homicide de l'année, survenu le 7 décembre, et la série d'attentats perpétrée dans la nuit du 7 au 8 décembre, surviennent moins de deux semaines après la visite en Corse du ministre de l'Intérieur Manuel Valls et de sa collègue de la Justice Christiane Taubira, les 25 et 26 novembre.
Dix jours après une précédente visite, au lendemain de l'assassinat à Ajaccio du président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, ils avaient réaffirmé la détermination de l'Etat à enrayer la spirale criminelle dans l'île en luttant notamment contre le blanchiment d'argent sale et la délinquance économique dans des secteurs comme le BTP, l'immobilier, le tourisme, les jeux, la nuit et le sport.
En dépit d'un dispositif sécuritaire très étoffé en Corse, le nombre de policiers et de gendarmes par tête d'habitant étant l'un des premiers de France, aucun des 19 précédents assassinats perpétrés cette année n'a été élucidé. Pas plus que les 22 commis en 2011 et les 17 de 2010.