Les avocats d'Yvan Colonna ont réagi à la diffusion du film, "Les anonymes" diffusé le 10 mars par Canal.
Les avocats d'Yvan Colonna estiment (voir notre encadré ci dessous) que même s'ils s'agit d'une fiction "le doute est évident" au sujet de celui qui a été condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac.
Quatre journées de garde à vue
Cette fiction historique du réalisateur Pierre Schoeller revient sur ce drame en s'intéressant notamment aux quatre jours de garde à vue lors desquels plusieurs membres du commando ont avoué et impliqué également Yvan Colonna.L'une de nos équipes a suivi la diffusion de ce film sur Canal le 10 mars avec Jean Philippe Antolini, condamné à 10 ans de prison pour les attentats qui avaient précédé l'assassinat du Préfet.
Reportage de Henri Mariani et Philippe VillaretJean-Philippe Antolini
Militant de " Corsica Libera "
L'intégralité du communiqué de Pascal Garbarini et Patrice Spinosi, avocats d’Yvan Colonna
La défense d’Yvan Colonna entend réagir, en son nom, suite à la diffusion hier du téléfilm Les anonymes sur Canal plus qui s’inspire librement de l’enquête qui a été menée suite à l’assassinat du préfet Claude Erignac.Il faut rappeler que :
- Yvan Colonna et sa famille n’ont jamais été consultés ni associés à l’écriture de ce téléfilm.
- Il ne s’agit, aux dires même de leurs auteurs, que d’une œuvre de fiction qui ne prétend aucunement être le reflet exact de la réalité. Ainsi la scène de la confrontation finale entre Yvan Colonna et Alain Ferrandi n’a jamais existé.
Ceci étant précisé :
- Ce film met bien en scène la violence des mesures de gardes à vues dans ce dossier et les pressions considérables dont ont fait l’objet les membres du commando et leurs épouses de la part des services de la DNAT, en particulier pour que soit cité le nom d’Yvan Colonna. C’est précisément au regard de la contrainte que subissaient les gardés à vue dans le droit français tel qu’il était en vigueur à l’époque des faits et en particulier du fait de l’absence de toute présence d’un avocat lors de ces interrogatoires que la France a été d’ores et déjà condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme. Dans ces conditions, le législateur a été contraint de reformer la garde à vue.
Il est désormais acquis que les gardes à vues des membres du commando et de leurs épouses se sont tenues en violation des règles du procès équitable. C’est précisément l’un des principaux moyens soulevés par Yvan Colonna dans son recours à la Cour européenne des droits de l’homme en vue d’obtenir la condamnation de la France.
- Les images d’archives insérées dans le film démontrent l’atteinte flagrante et volontaire à la présomption d’innocence dont Yvan Colonna a fait l’objet lors de son arrestation, autre moyen soulevé au soutien de son recours.
- Enfin, le film fait la preuve de l’absence de tout élément probant pour asseoir la culpabilité d’Yvan Colonna qui n’a été condamné que sur la foi des déclarations des membres du commando et de leurs épouses, seuls éléments à charge dans ce dossier, obtenus dans les conditions que l’on a vues, déclarations qui ont toutes été rétractées.
Le doute est évident et transperce même dans cette œuvre de fiction.
Yvan Colonna est aujourd’hui condamné à la peine de perpétuité après trois procès d’assises dont l’un a déjà été cassé par la Cour de cassation. Il a saisi la Cour européenne des droits de l’homme le 11 janvier dernier. Si celle-ci devait, comme nous le pensons, condamner la France, il pourra alors saisir de nouveau les juridictions françaises pour obtenir la tenue d’un nouveau procès.
De la centrale d’Arles où il est incarcéré, après presque de dix ans de détention, il continue à se battre sans relâche pour faire entendre son innocence.