Le président du Parc naturel régional de Corse assassiné, troisième notable abattu en six mois

Le président du Parc naturel régional de la Corse (PNRC), Jean-Luc Chiappini, 65 ans, a été tué par balles jeudi 25 avril  à Ajaccio, troisième notable assassiné en six mois dans la Cité impériale.

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Ce dixième homicide depuis janvier en Corse a conduit le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, à demander "l'aide de la population", le Premier ministre Jean-Marc Ayrault réaffirmant une nouvelle fois "la détermination" du gouvernement à lutter contre le crime dans l'Ile de Beauté.


Un guet-apens à la sortie de l'aéroport

Jean-Luc Chiappini, qui revenait d'un déplacement à Paris, a été tué au volant de sa voiture de fonction dans laquelle il était seul, lors d'un guet-apens, peu avant 13H30, sur la route reliant l'aéroport Napoléon Bonaparte, à Campo dell'Oro, au centre d'Ajaccio, à moins de dix kilomètres.

Il a été atteint d'au moins trois coups de feu tirés par le passager d'un scooter T-Max de forte cylindrée qui est parvenu à s'enfuir, a indiqué sur place le substitut du parquet d'Ajaccio, Valérie Tavernier.

La voiture du notable a effectué une embardée et percuté d'autres véhicules, sans faire de victime, sur un parking.
Plusieurs personnes ayant assisté à la scène ont été interrogées par la police.

Le maire (DVG) d'Ajaccio, Simon Renucci, qui avait voyagé dans le même avion que la victime et qu'il avait saluée à l'aéroport comme il l'a
relaté à l'AFP, s'est aussi rendu sur place.


Toutes les pistes explorées

 

Immédiatement après "l'exécution" --selon l'expression du ministre de l'Intérieur Manuel Valls-- de Jean-Luc Chiappini,  le parquet a indiqué suivre "toutes les pistes" pour tenter de trouver un mobile au crime.

L'environnement professionnel et politique du président du PRNC, maire depuis 1977 du petit village de Letia, en Corse-du-Sud, et président de l'intercommunalité des Deux Sorru, comme la vie privée du notable, sont l'objet de toutes les attentions de la Direction régionale de la police judiciaire d'Ajaccio chargée de l'enquête.

L'autopsie qui sera pratiquée samedi permettra notamment de connaître le calibre et le type de l'arme utilisée par le tueur.

Les enquêteurs disposent aussi de témoignages de stagiaires présents sur le parking de l'institut consulaire de formation où la voiture de fonction de Jean-Luc Chiappini a achevé sa course.

La victime ne se sentait pas menacée​

La victime, qui revenait d'une réunion de travail à Paris, a essuyé au moins trois coups de feu d'un tireur monté sur un puissant scooter T-Max, sur la route reliant l'aéroport au centre-ville.

Selon son entourage, Jean-Luc Chiappini ne se sentait pas menacé et n'était pas armé.

Il n'avait pas non plus demandé de protection policière, comme en bénéficient plusieurs élus corses

Le troisième notable en six mois

Maire depuis 1977 du village de Letia (Corse-du-Sud) et récemment réélu à la présidence du PNRC, Jean-Luc Chiappini, qui présidait le Parc depuis 1995, est le troisième notable tué par balles à Ajaccio en à peine plus de six mois.

Son assassinat intervient après celui de l'ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, Antoine Sollacaro, le 16 octobre 2012, et celui du président de la Chambre de Commerce et d'industrie de Corse du Sud, Jacques Nacer, le 15 novembre.

Trois hommes déjà condamnés pour des affaires de banditisme ont été récemment mis en examen pour l'assassinat de Me Sollacaro.
Reportage de Elise Ferret et Jacques Paul Stefani à Ajaccio le 26 avril 2013

 


La mobilisation de l'Etat réaffirmée​

Condamnant promptement ce "lâche assassinat" de Jean-Luc Chiappini, Manuel Valls a assuré dans un communiqué que "tous les moyens seront mis en oeuvre pour interpeller les auteurs et les déférer devant la Justice".

"Ce nouvel assassinat", a-t-il ajouté, "justifie l'engagement total de l'Etat, dans la durée, pour lutter contre toutes les formes de violence dont la Corse
et ses habitants sont victimes".

S'adressant ensuite à la presse devant un commissariat parisien, il a stigmatisé une "violence enracinée depuis des décennies dans la culture corse".

Evoquant une "mafia", des "réseaux mafieux et criminels" ou des "gens très déterminés qui n'hésitent pas à tuer", il a affirmé que "l'Etat ne se décourage pas".
Il a demandé "à la population corse de nous aider", soulignant que "beaucoup d'élus nous disent qu'ils sont menacés".

Jean-Marc Ayrault a demandé à M. Valls et à la ministre de la Justice Christiane Taubira de "mobiliser tous les moyens pour interpeller les auteurs et les déférer devant la justice" et réaffirmé dans un communiqué que "le gouvernement reste déterminé à lutter contre la violence" en Corse.


Jean-Luc Chiappini, un élu de l'intérieur

Elu de terrain, également président de la communauté de communes de son canton, Jean-Luc Chiappini avait été candidat (libéral) aux élections territoriales après avoir siégé à l'Assemblée de Corse dans les années 1980.

Zone protégée de 3.750 km2, le PNRC couvre environ 40% de la superficie de la Corse, essentiellement en montagne, avec notamment le parcours
du célèbre chemin de Grande Randonnée n°20 (GR20) mais aussi certains secteurs côtiers très convoités. 


Stupeur et silence

Cet assassinat a provoqué la stupeur sur les bancs de l'assemblée insulaire, réunie depuis jeudi en session ordinaire pour débattre d'un projet de co-officialité des langues corse et française.

Une minute de silence a été observée par les conseillers territoriaux et le président de l'assemblée, Dominique Bucchini, a rendu hommage à la victime avant d'annoncer l'ajournement de la session.

Les élus, dont certains bénéficient d'une protection policière, se sont abstenus de tout commentaire.

Le dixième homicide de l'année 2013
Cet assassinat est le dixième homicide perpétré en Corse depuis le début de l'année.

En 2012, 19 homicides et 16 tentatives ont été commis dans l'île dont la population est de 310.000 habitants.

Alors que la plupart des affaires ne sont pas élucidées, la Corse est devenue une des zones les plus criminogènes d'Europe. 
Pour tenter d'enrayer cette spirale, généralement liée au grand banditisme, le gouvernement avait annoncé en novembre une série de mesures.

La majorité des dossiers sont traités par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs, chargée des affaires de grand banditisme) de Marseille, où Mme Taubira doit se rendre ce vendredi.
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