Paul Lantieri va venir s'expliquer lors du procès du cercle Concorde, une maison de jeu parisienne, qui s'ouvre lundi 27 mai devant le tribunal de Marseille.
En cavale depuis sa mise en examen en 2007, Paul Lantieri compte "s'expliquer" devant le tribunal de Marseille nous a révélé son avocat Maître Daoud.
Une vingtaine de personnes est appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel notamment pour association de malfaiteurs, blanchiment
et extorsion de fonds, dans ce dossier "d'un affairisme sournois et assassin" de l'avis du parquet. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison.
Tout commence à l'été 2006, quand la police découvre que Paul Lantieri, gérant d'une brasserie d'Aix-en-Provence, est impliqué dans les suites d'un triple assassinat survenu au bar des Marronniers à Marseille en avril de la même année. Il a aidé l'un de ses auteurs, Ange-Toussaint Federici, dit "ATF", à soigner une blessure.
Le cercle Concorde servirait à blanchir de l'argent
En janvier 2007, Paul Lantieri est arrêté en même temps que Federici pour l'affaire des Marronniers. Le premier est relâché mais des perquisitions révèlent l'ampleur de sa surface financière et ses liens avec un des parrains présumés de la pègre corso-marseillaise, Dominique Venturi, dit "Nick". Des écoutes téléphoniques indiquent que le cercle Concorde servirait à blanchir de l'argent illicite.Fermé en 1988 sur les Champs-Elysées, le cercle avait été relancé rue Cadet, entre 2004 et 2006, par des proches de Lantieri associés à Edmond Raffali, son ancien directeur. Bénéficiant alors, au vu du flou qui l'entourait, d'une "tolérance administrative accablante" de la part du ministère de l'Intérieur, selon les juges.
Mais rapidement, l'ambiance s'envenime entre Lantieri et Raffali - "je veux savoir ce qu'il y a comme argent et où il part", s'emporte un jour ce dernier - qui en appellent au printemps 2007 à l'arbitrage de leurs financeurs clandestins: Roland Cassone, décrit dans le dossier comme un "vieux monsieur" qui "fait penser à Marlon Brando dans Le Parrain"; Marcel Ciappa, "recouvreur de créances"; Jean-François Federici, frère d'"ATF", et Jacques Buttafoghi, deux membres de la bande corse dite de la Plaine orientale, alors en plein essor.
Le clan Federici fait main basse sur le cercle Concorde
Ces derniers s'allient au clan Raffali tandis que dans l'autre camp, le banquier François Rouge fait appel, pour défendre ses intérêts, audit "Mario", un consultant en affaires africaines que lui recommande l'ex-gendarme Paul Barril, contacté via l'avocat Jacques Vergès.Au final, le rapport de forces profite au clan Federici qui fait main basse sur le Cercle - où il avait déjà mis un pied via une société de sécurité que l'on retrouvera au Wagram - et en exclut Lantieri - "qu'il arrête maintenant, sinon on ne va plus être fâchés, on va être ennemis", lui fait dire un jour Buttafoghi.
Paul Barril, présent au procès
Mais à l'automne 2007, après la mort de Ciappa tué au fusil de chasse dans une clinique d'Aubagne, les jeux sont faits: le Concorde est fermé; les arrestations, dont celles de Cassone et Barril, font du bruit. Lantieri, prévenu par Rouge manifestement bien renseigné, échappe au coup de filet.Depuis, Venturi et Raffali pères sont décédés, Buttafoghi a été assassiné en Corse et Jean-François Federici est en cavale pour une autre affaire. La présence au procès de Paul Barril - son audition est prévue le 10 juin - est incertaine selon son avocate. Tout comme celle de Lantieri, aux abonnés absents depuis six ans mais qui pourrait réapparaître d'après son conseil.