Le quotidien Corse-Matin reste détenu à 50/50 par La Provence et Nice-Matin affirme le Groupe Hersant Média

Les comités d'entreprise de La Provence  ce mardi et de Nice-Matin mercredi devraient permettre de lever un coin du voile sur l'avenir des deux titres dont les routes se séparent. Une "découpe" sans surprise qui pose beaucoup de questions, y compris sur la situation personnelle de Bernard Tapie.

Comités d'entreprise cruciaux cette semaine pour la presse quotidienne régionale du sud-est: le quotidien marseillais , La Provence, devenant la propriété exclusive de Bernard Tapie, l'azuréen  Nice-Matin restant dans le giron de la famille Hersant.

Rien n'a filtré depuis le communiqué laconique du Groupe Hersant Médias (GHM) qui avait annoncé mardi le projet. "Je ne sais rien de plus que vous", assure le représentant du Syndicat national des journalistes (SNJ, majoritaire) à La Provence, Serge Mercier.

Interrogé, M. Tapie a indiqué à l'AFP qu'il réservait la primeur de ses déclarations aux représentants des salariés.

Les directions de GHM et de Nice-Matin n'ont pas pu être jointes au 21 juillet.

Dans son communiqué, GHM faisait part d'"un projet par lequel les actionnaires familiaux reprendraient 100% du capital de GHM", et donc la totalité de Nice-Matin et des quotidiens des Antilles et de Guyane du groupe.

Le Groupe Bernard Tapie (GBT) doit devenir "actionnaire à 100% de La Provence", tandis que Corse-Matin reste détenu à 50/50 par La Provence et Nice-Matin.

Les représentants du personnel attendent les comités d'entreprise extraordinaires de mardi et mercredi, premières étapes du processus d'information-consultation, pour poser les questions qui ont surgi dès l'annonce de la recomposition de leur actionnariat respectif.

Du côté de la Provence, les salariés voudront d'abord savoir si une clause de cession sera bien activée - ce qui semble inévitable pour les organisations syndicales - au vu de ce qui est bel et bien un changement majeur d'actionnaire.

"On se le fera confirmer", confie cependant un représentant syndical.

Deuxième incertitude, ce plan devra-t-il être validé par le tribunal de commerce ?

Ce dernier avait donné il y a sept mois les rênes de ce qui restait de l'empire de presse régionale Hersant à l'alliance Tapie/GHM.

Le projet ne prévoyait pas une telle "découpe", même si cette prise de contrôle n'est, a posteriori, qu'une demi-surprise : "Tapie l'avait dit quand il est arrivé, qu'il voulait la Provence", rappelle M. Mercier.

Situation personnelle

Sur la ligne éditoriale, les syndicats tout comme la société des journalistes (SDJ) assurent qu'ils resteront vigilants.

"J'imagine mal Bernard Tapie dire que la ligne éditoriale va complètement changer", prédit la présidente de la SDJ Laetitia Sariroglou.

Même si aujourd'hui la rédaction n'a pas détecté de "problèmes majeurs", ce sera "une veille de tous les jours", affirme-t-elle.

Lors du CE pourrait être aussi abordée la situation personnelle de l'homme d'affaires, mis en examen dans l'enquête sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit lyonnais, et dont les juges ont ordonné la saisie d'une partie des biens.

Les parts sociales qu'il détient dans les journaux ont-elles été saisies ?
Et quid de sa capacité d'investissement?

"C'est un paramètre dont on ne peut pas ne pas tenir compte", estime un syndicaliste.

"Nice-Matin" retrouve son actionnaire antérieur 

Car c'est principalement sur le sujet des projets d'investissements et éditoriaux qu'est attendu M. Tapie, tout comme la famille Hersant à Nice-Matin, où les salariés retrouveront leur actionnaire antérieur.

"On le connaît et c'est un patron de presse", explique Gérard Pitocchi délégué syndical CGT et ouvrier du livre à Nice-Matin.

"Il y a deux ans on l'a vu à l'occasion d'un conflit, lorsqu'il voulait vendre les murs de l'entreprise, rappelle-t-il, il a su écouter les salariés et faire marche arrière".

"Il faudrait qu'on nous propose un véritable projet rapidement", ajoute-t-il.

"Pendant six mois rien n'a été fait. Le CE est un épiphénomène. L'actionnaire doit assumer ses devoirs et ne pas laisser l'entreprise aller dans le mur", renchérit Jean-François Roubaud, délégué SNJ à Nice-Matin.

"On perd de l'argent comme toutes les entreprises de PQR (presse quotidienne régionale, ndlr).
Il y a des nécessités d'investissements sur le numérique et les rotatives. On peine à boucler nos budgets" poursuit-il, affichant sa crainte qu'un pourrissement de la situation conduise in fine à un "plan social dur".

Bernard Tapie attendu de pied ferme à La Provence
Les salariés de La Provence devraient en apprendre un peu plus mardi sur les projets de Bernard Tapie pour leur journal, à l'issue d'un comité d'entreprise (CE) extraordinaire en présence de l'homme d'affaires.

Les questions sont nombreuses dans une rédaction plongée dans l'incertitude. Elles portent d'abord sur le développement du titre, car sept mois après son acquisition par M. Tapie de concert avec la famille Hersant, les journalistes déplorent un certain immobilisme.

Certes, les têtes ont changé, avec l'arrivée début avril comme directeur de rédaction d'Olivier Mazerolle, ancien directeur de l'information à RTL et France 2 et ex-éditorialiste à BFM.

Mais, dans les faits, "nous ne voyons rien de concret", regrette le Syndicat national des journalistes (SNJ). Début juillet, le SNJ avait ainsi accusé d'"inertie coupable" la direction du groupe, qui aurait repoussé "à la rentrée" les projets (refonte du journal, investissement portage, commercial, régie publicitaire, site internet valorisé et payant).

Bernard Tapie étant désormais seul à la barre, puisqu'il doit devenir "actionnaire à 100% de La Provence", après sa séparation d'avec le Groupe Hersant Médias (GHM), la donne va-t-elle changer?

Quid de l'investissement promis fin 2012 de 50 millions d'euros, dans le numérique et l'événementiel? s'interrogent les syndicats.

Bernard Tapie est arrivé au siège de La Provence peu avant 15H00 ce 23 juillet  pour ce CE extraordinaire, au cours duquel un autre point crucial sera abordé (avant la tenue d'un conseil d'administration à 16H15 et d'un comité de groupe à 16H30): l'ouverture d'une clause de cession, qui apparaît inévitable dès lors que l'ancien député et ministre monte à plus de 50% du capital.

Dans une rédaction plutôt jeune et un contexte économique difficile, le nombre de départs ne devrait pas être élevé, avancent certains.

La Provence et ses filiales, qui sont bénéficiaires, emploient 800 personnes, dont 200 journalistes.

Ses douze éditions sont diffusées à 115.000 exemplaires, à Marseille, mais aussi dans l'ensemble des Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les
Alpes-de-Haute-Provence.

Mercredi, c'est l'avenir de Nice-Matin qui sera évoqué à son tour lors d'un CE, le quotidien azuréen restant lui dans le giron de GHM, tandis que Corse-Matin reste détenu à 50/50 par La Provence et Nice-Matin.

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