Lors d'une conférence de presse à Paris, la direction de la SNCM a affirmé, le 18 octobre, que la Région Corse leur devait 65 millions d'euros. Une dette que dément formellement l'office des transports de la Corse. Un conciliateur en justice a été désigné.
Les comptes de la SNCM continuent de s'enfoncer dans le rouge. La compagnie maritime a obtenu auprès du tribunal de Marseille l'ouverture d'une procédure de conciliation afin de recouvrer 80 millions d'euros de créances détenues par ses actionnaires et partenaires, parmi lesquels la Collectivité territoriale de Corse. D'après la direction de la SNCM la CTC leur devrait 65 millions d'euros.
"Au 31 décembre, la créance dépassera les 65 millions d'euros. Quelle entreprise peut porter 65 millions d'euros de retard ou d'impayé de la part d'un de ses principaux clients", s'est interrogé Marc Dufour, président du directoire de la SNCM. Et d'ajouter: "Nous avons tenté de négocier, sans succès."
Condamné à rembourser 220 millions d'euros
Revenant également sur la condamnation par la Commission européenne à un remboursement de 220 millions d'euros d'aides publiques, Marc Dufour a estimé que "nous avons les moyens de répondre avec efficacité sur le plan juridique". Or le créancier de cette somme est la collectivité corse, qui a informé Veolia le mois dernier qu'il envisageait de se retourner vers lui si la SNCM s'avérait insolvable.La délégation de service public
La Commission européenne a estimé qu'une partie de la délégation de service public (DSP) attribuée entre 2007 et 2013, le "service complémentaire" (renforcement des lignes en haute saison), ne pouvait être incluse dans cette délégation. La SNCM fait face à des difficultés de trésorerie et s'est tournée vers Transdev, son principal actionnaire (filiale de Veolia et de la Caisse des Dépots), afin d'obtenir un relais de trésorerie de 30 millions d'euros, a rappelé Marc Dufour. L'actionnaire devrait se prononcer ce vendredi dans le cadre d'un conseil de surveillance."L'entreprise n'est pas endettée, nous disposons d'environ 300 millions d'euros d'actifs. Au niveau de son bilan, l'entreprise est saine. Nous avons de quoi garantir des prêts relais mais cette décision appartient à l'actionnaire", a insisté Marc Dufour.
Mais la SNCM est prise entre un actionnaire, Veolia, qui ne veut pas payer les pots cassés, et un autre, l'Etat, qui doit "sortir de l'ambiguité dans laquelle il se trouve actuellement afin de rassurer son partenaire et l'entreprise", a estimé Jean-Pierre Mignard, avocat de la SNCM.
Le chiffre d'affaires de la SNCM a été d'environ 300 millions en 2012. L'Etat et Veolia ont validé en juin 2013 un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur quelque 2.600 personnes.
Le reportage:
Interview de Jean-Pierre Mignard, avocat de la SNCM
La réaction des politiques: