Le ministère public a requis ce 18 novembre, devant la cour d'assises spéciale d'appel, six et quatre ans d'emprisonnement ferme contre respectivement Xavier Luciani et Stéphane Scarbonchi, accusés d'avoir apporté un appui technique et logistique à la cellule nationaliste corse FLNC du 22 octobre.
En première instance, MM. Luciani et Scarbonchi avaient été condamnés à 5 et 4 ans d'emprisonnement.
Lors de son réquisitoire, l'avocat général, Jean-François Ricard, a insisté sur le fait que les interventions des deux hommes avaient été "décisives" dans la réalisation des attentats perpétrés par la cellule.
Dominique Pasqualaggi, considéré comme le cerveau de la structure, était le seul à avoir quelques notions sur la confection d'explosifs. Mais ces connaissances étaient "très limitées", a pointé M. Ricard.
Démonstrations de jerricans
Stéphane Scarbonchi a effectué, pour Pasqualaggi et des membres de la cellule, des démonstrations sur l'utilisation de jerricans comme contenants plutôt que d'extincteurs et de minuteries modifiées au lieu de mèches lentes.Quant à Xavier Luciani, il a prodigué des conseils à Pasqualaggi sur la confection de charges explosives, tandis que le chef de la cellule utilisait, avec son accord, les cuisines de son restaurant comme laboratoire.
"Ils ont été les seuls à occuper ces fonctions, les seuls parce qu'aucun dans ce groupe n'avait la moindre connaissance des explosifs", a relevé l'avocat général.
Même si MM. Luciani et Scarbonchi ont cherché à relativiser leur implication dans la cellule, "le rôle de chacun des accusés n'a rien à voir avec celui de simples exécutants", pour M. Ricard.
M. Scarbonchi a lui indiqué ne pas avoir eu connaissance du fait que ses conseils serviraient à la réalisation de charges explosives utilisées dans des actions violentes.
Un comportement souligné par l'avocat général, pour qui l'accusé a "perdu toute crédibilité".
Rivalités clandestines
Selon le représentant du ministère public, les deux hommes ont permis au FLNC du 22 octobre, qui cherchait à faire "jeu égal" avec le puissant rival du FLNC union des combattants, de se livrer à une "course à la performance" en matière d'explosifs.L'avocat général a indiqué ne pas s'opposer, en cas de condamnation de M. Luciani, à une confusion des peines. Cet ancien restaurateur a, en effet, déjà été condamné, en 2011, à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Joseph Vincensini, battu à mort et décapité en 2005.