Les fonctionnaires sont soupçonnés de collusion avec certains membres du grand banditisme corse dans le cadre des affaires touchant les cercles de jeux parisiens "Wagram" et "Concorde". Jeudi 5 décembre, le patron du SCCJ a été démis de ses fonctions par le ministre de l'Intérieur.
Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a créé la surprise jeudi en annonçant que "dans l'intérêt du service", Manuel Valls avait décidé un "changement à la tête" du SCCJ "afin de renouveler le management".
Le commissaire divisionnaire Jean-Pierre Alezra, 63 ans, une figure de la police et "patron" du très sensible Service central des courses et jeux (SCCJ), au cœur de plusieurs affaires, a ainsi été démis de ses fonctions.
Des policiers de ce service rattaché à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et chargé de surveiller les casinos, les cercles de jeux et les courses, ont été mis en cause notamment dans le cadre de l'affaire du cercle de jeu Wagram.
Ils sont au coeur d'enquêtes de la "police des polices", certaines étant consécutives "à des procédures judiciaires", selon des sources policières.
L'Intérieur a ainsi précisé que deux procédures disciplinaires envers des fonctionnaires de ce service ont abouti à la tenue de conseils de discipline les 19 septembre et le 4 décembre.
Le commissaire Alezra dénonce "une mesure injuste", et regrette de n'avoir "pas eu l'occasion de fournir des explications".
Lors du procès à l'automne 2012 du cercle Wagram à Paris, l'un des établissements parisiens dans le collimateur de la justice et du service dirigé par M. Alezra, la défense avait regretté l'absence de policiers, malgré leur omniprésence dans le dossier d'instruction qui faisait état de liens troubles de plusieurs d'entre eux avec le milieu des jeux.
Situé près des Champs-Elysées, fermé sur décision administrative, le cercle Wagram est soupçonné d'avoir servi au détournement de plusieurs centaines de milliers d'euros issus des activités du banditisme corse.
La disparition d'un scellé dans cette enquête a abouti mercredi à l'audition, devant le conseil de discipline, d'un commandant du SCCJ, a-t-on appris des sources policières. Il nie les faits mais risque d'être révoqué, ont dit les sources, alors qu'il a reçu le soutien d'un juge d'instruction parisien spécialisé dans ces affaires.
Cette affaire survient alors que la DCPJ attend la nomination d'un directeur, l'actuel, Christian Lothion, partant à la retraite fin décembre. Le ministre veut "recentrer et renouveler l'action" de la PJ, selon Beauvau.
Le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN - majoritaire) s'est dit "étonné de ce limogeage" après un "lynchage médiatique" en référence à des photos de M. Alezra parues dans l'édition de jeudi du Parisien qui fait sa "Une" sur ces affaires.