Une ville d'Alsace approuve la Charte des langues régionales

La ville de Saverne (Bas-Rhin) a approuvé la Charte européenne des langues régionales, une "première en France, et même en Europe", a estimé le 13 février son maire, qui permettra par exemple aux habitants d'effectuer des démarches administratives en alsacien.

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"On est bien au-delà du symbole, ce n'est ni un coup de com', ni un gadget", a assuré à l'AFP le maire (UMP) de cette commune de 12.000 habitants, Stéphane Leyenberger, après l'approbation par le conseil municipal à une large majorité de 35 engagements concrets issus de la Charte européenne que la France est en train de ratifier.

"Pendant longtemps, l'Etat n'a rien fait en la matière, alors on s'est dit qu'il fallait montrer l'exemple au niveau local", poursuit le maire.

Concrètement, les habitants de Saverne pourront s'adresser en alsacien aux agents de la mairie ou accéder d'ici la fin de l'année à des formulaires en allemand (forme écrite du dialecte régional). Les élus pourront également s'exprimer en alsacien lors des réunions du conseil municipal, quitte à utiliser les services d'un interprète pour les non dialectophones.

Reportage : C.Munsch, Y.Ledig, S.Dillenseger.

Le gouvernement a récemment accéléré le processus législatif en vue de la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, en souffrance depuis des années.

Cette procédure, promise par le candidat François Hollande en 2012, est réclamée depuis de nombreuses années par les défenseurs de ces langues, notamment en Bretagne, en Alsace et en Corse.

"Juridiquement, seuls des Etats peuvent ratifier la charte, mais rien n'empêche des collectivités locales d'approuver par un vote les dispositions qui les concernent directement", a expliqué à l'AFP Jean-Marie Woehrling, président de l'Association Culture et bilinguisme d'Alsace-Moselle.

Fin février, M. Woehrling a convié plusieurs maires ou candidats aux municipales en Alsace à une réunion consacrée à la charte. Avec l'espoir que l'initiative de Saverne "fasse des émules".

"Chaque commune doit pouvoir agir concrètement, selon les modalités qu'elle choisira elle-même. On peut par exemple faire des livrets de famille bilingues. L'important est de donner une place aux langues régionales dans l'espace public", a conclu M. Woehrling.

En décembre 2013, Charles Buttner, président du Conseil Général du Haut-Rhin et Paul Giacobbi, président du Conseil Exécutif de Corse ont signé  une déclaration d’intention en vue de l’adoption d’une charte pour la promotion des langues régionales en Haute-Alsace et en Corse.

 

Etat des lieux des langues régionales
Alsacien: on dénombre quelque 600.000 locuteurs du dialecte alsacien sur 1,8 million d'habitants, selon l'Association pour le bilinguisme et l'Office pour la langue et culture d'Alsace (OLCA). La proportion de dialectophones concerne 74% des plus de 60 ans mais 12% seulement des 18-29 ans. Il existe un réseau d'écoles bilingues privées (une dizaine) et plusieurs centaines d'écoles bilingues publiques paritaires.

Basque: Avec 30,5% de personnes le parlant et/ou le comprenant en 2011 (contre 37% en 1991), l'euskara est en régression au pays basque français. Il est enseigné dans le réseau ikastola (système immersif) et des filières bilingues de l'enseignement privé et public. Il reste vivace notamment dans la musique et le théâtre, dans des festivals.

Breton: Le nombre de bretonnant actifs dans les quatre départements bretons et la Loire-Atlantique (4,5 millions d'habitants) est estimé à 200.000, un chiffre en baisse car le breton est majoritairement parlé par des personnes âgées. Toutefois, quelque 15.338 enfants étaient scolarisés à la rentrée 2013 dans les filières bilingues. France 3 et des télévisions locales proposent des émissions en breton.

Catalan: Parlé essentiellement dans les Pyrénées-Orientales et en milieu rural, il est également en déclin.

Corse: Quelque 90.000 personnes, soit 45% de la population adulte de l'île, déclarent s'exprimer en corse avec des proches, selon une étude de l'Insee (2004). Mais selon le collectif Parlemu corsu, "s'il y a 50.000 personnes qui parlent bien le corse, au quotidien, cela serait déjà bien". A l'école primaire, trois heures d'enseignement sur la langue et la culture corse sont obligatoires. Dans le secondaire, le corse devient facultatif, après un mois d'essai imposé.

Flamand: Après une chute accélérée de l'usage du flamand depuis les années 1980, il resterait en Flandre française, selon des statistiques d'associations culturelles, au maximum 20.000 locuteurs réguliers de cette langue et 50.000 occasionnels, surtout des personnes âgées. Depuis 2010, une nette progression de l'apprentissage du néerlandais s'observe à Dunkerque, Bailleul, Lille et Halluin.

Occitan ou langue d'oc. La zone de diffusion de cette langue romane est le sud de la France. Selon une étude de 2010, 14% des Midi-Pyrénéens parlent l'occitan suffisamment bien pour avoir une conversation simple et 4% en ont une très bonne maîtrise. Le nombre de locuteurs serait en déclin. Durant l'année scolaire 2011-2012 cependant, le nombre d'élèves bénéficiant de l'enseignement de l'occitan était de 55.318, soit +9,4 % par rapport à la rentrée 2009.

Polynésie: Bien que la plupart des Polynésiens parlent français, certaines personnes âgées s'expriment uniquement en langues polynésiennes. La plus parlée est le tahitien, à Tahiti mais aussi dans les îles proches. Les langues polynésiennes (reo maohi) sont enseignées en maternelle et en primaire. Dans le secondaire, elles sont proposées en option.

Créole antillais: cette langue est largement utilisée au quotidien dans les rapports de travail comme dans les relations amicales. Le créole est enseigné à l'école (du collège au lycée), depuis les années 1980, sous la forme d'une option, ainsi qu'à l'Université.

Créole réunionnais : Selon l'Insee, 53% des 800.000 Réunionnais déclarent ne parler que créole dans leur vie quotidienne. C'est la langue régionale la plus utilisée dans les départements d'outre-mer, selon une étude Insee de 2010. Huit Réunionnais sur 10 (âgés aujourd'hui de 16 à 64 ans) ne parlaient que créole dans leur enfance, selon l'enquête. Depuis le début des années 2000, le créole est enseigné à l'école.

Langues kanak : En Nouvelle-Calédonie, une trentaine de langues sont parlées par quelque 70.000 personnes (chiffres 2009), sur une population de 245.600 habitants. Les langues kanak sont intégrées dans les programmes scolaires du premier degré. Certaines sont également enseignées à l'université de Nouvelle-Calédonie.
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