Au moment où le PDG de VEOLIA, Antoine Frérot, demande le "dépôt de bilan pour la SNCM", il est nécessaire de rappeler dans quel contexte se déroule cette proposition. Décryptage par Alain Verdi.
Antoine Frérot estime également que la solution du dépôt de bilan "c'est d'abord une solution qui écarte de l'entreprise ou de ses activités les amendes de Bruxelles (…) Ensuite, il faut trouver un plan économique ou un périmètre économique qui soit équilibré".
En d'autres termes le PDG de Véolia propose de contingenter l'activité de la SNCM aux seules lignes de Marseille-Corse.
Pas de recherche de chantier, pour l'instant
Malgré plusieurs promesses gouvernementales, l'Etat s'est abstenu lors du vote en Conseil de surveillance de la SNCM le mardi 25 Février.Cette abstention et le vote négatif de Veolia ont empêché la mise en route de la recherche rapide d'un chantier naval qui pourrait construire des navires neufs pour la SNCM.
Le syndicat CGC (Confédération Générale des Cadres) parle d'une "reculade de l'État" et estime qu'il existe "des solutions de pourvois et cantonnement des deux contentieux européens, sans réduction de périmètre" toujours selon la CGC elles "doivent être mises en œuvre pour accélérer le changement d'actionnariat".
L'obstacle de la Commission Européenne: "liquidation et licenciement de la totalité du personnel"
Le mardi 4 Janvier, la Commission des Affaires Européennes de l'assemblée nationale entend la communication du député Didier Quentin (UMP) sur la "requalification en aide d'Etat de sommes versées à la SNCM".Le député prend le contre pied de la parole dominante.
A propos des sommes à rembourser réclamées par les instances européennes, il écrit: " En outre, la situation financière de la compagnie ne lui permet absolument pas de rembourser ces sommes et entrainerait sa liquidation et le licenciement de la totalité du personnel".
A propos de la Corsica Ferries France qui a introduit les recours auprès de Bruxelles, on peut lire:
"Il convient de souligner que l’exécution de ces décisions intervenues au nom du respect de la concurrence aurait pour conséquence paradoxale d’instituer un monopole au profit de « Corsica ferries » qui doit en partie sa compétitivité à l’abus du détachement de marins et à des pratiques inacceptables (à défaut d’être clairement illégales) au regard du droit social".
La fin de la concurrence au nom du droit à la concurrence
Le double discours de l'État
Les syndicats s'estiment trompés par le Gouvernement. "il doit réagir" selon la CGC.Il n'est pas sur que ce soit son intention.
Le Conseil de Surveillance de la SNCM, intérompu le 25 Février, devrait reprendre le 7 Mars. Les propos d'Antoine Frérot semblent forcer la main du gouvernement. Cela ressemble à un rapport de force. Mais pour certains observateurs du dossier, cela pourrait être au contraire une espèce d'entente.
C'est un soupçon ancien, ravivé par les dernier développements de l'actualité.
En tout cas l'attitude de l'Etat, le 25 Février, et celle du PDG de Véolia deux jours après, ne sont pas de nature à apaiser le débat. Il est évident qu'un "périmètre économique en équilibre", c'est-à-dire la réduction de l'activité de la SNCM au seul port de Marseille, mènera à une casse sociale plus importante que les 500 suppressions d'emplois prévus par le plan actuel.