Le dernier dimanche d'avril est chaque année dédié à la célébration de la mémoire des victimes de la déportation lors la Seconde Guerre mondiale. L'occasion de rappeler que la Corse est la seule région française qui n’a ni arrêté, ni déporté de juifs durant la Shoah.
La Corse, une île de Justes ? En 2013, une association juive locale est allée jusqu’à demander au Mémorial de Yad Vashem (Israël) que l’île dans son ensemble soit reconnue en tant que telle. Cela n'a pas été le cas, mais l'histoire se retrouve racontée dans un documentaire.
L'Histoire retient qu'à "une exception près et de manière quasi accidentelle, aucun Juif corse n’a été déporté" durant la Seconde guerre mondiale. "S’il y avait des collabos, ce qui dominait dans la population, c’était la solidarité avec les Juifs" explique Noëlle Vincensini, résistante et cofondatrice de l’association antiraciste Ava Basta.
Les documents d’époque témoignent de cette solidarité au plus haut échelon de l’administration, fort du soutien des "policiers, des gendarmes, mais également de la population" comme l'explique Louis Luciani, professeur d’histoire. "Il y avait une famille juive pratiquement dans chaque commune de Corse".
Mais pour ne pas avoir à procéder aux arrestations des Juifs étrangers imposées par le gouvernement de Vichy en 1942, la préfecture va leur fournir, avec le concours du consul général de Turquie, de vrais-faux passeports turcs.
Si l’aide apportée aux Juifs pendant la guerre a longtemps "été occultée", c’est peut-être, comme le dit Pierre Franceschetti, "parce que chez [nous] c’était pas un fait historique, parce que pour [nous] c’était normal".