L'ex-élu niçois Jean Icart est entré officiellement le 25 avril dernier au conseil d'administration de Nice-Matin, groupe de presse régional en grande difficulté financière, son partenaire financier GXP Capital ayant débloqué deux millions d'euros.
"Je suis désormais administrateur au sein du groupe et il y a eu un premier apport de deux millions d'euros sur les 20 millions que l'on doit apporter", a indiqué M. Icart à l'AFP le 25 avril dernier.
"Je prendrai mes fonctions à la tête de l'entreprise quand le reste sera versé", a-t-il ajouté.
"Lenteurs" des banques suisses
Le "closing de l'opération", initialement prévu fin février, a été repoussé à plusieurs reprises, provoquant des inquiétudes chez les salariés dont l'entreprise était menacée de liquidation judiciaire.Selon M. Icart, ces retards sont dus à des "lourdeurs", des "lenteurs du système bancaire suisse", mais "l'opération de sauvetage est bel et bien en train d'être mise en place" et le closing devrait intervenir "courant mai".
La direction de Nice-Matin, propriété du groupe Hersant (GHM), a indiqué à l'AFP le 25 avril qu'elle ne communiquerait sur ces développements qu'"en
début de semaine prochaine".
"Fin d'un long suspense"
Un délégué du syndicat SNJ, lui, a estimé que c'était "la fin d'un long suspense" et espéré "le début d'une ère nouvelle qui verra le redressement de l'entreprise,dans le cadre du plan social négocié entre direction et syndicats, mais aussi son développement puisqu'il y a des parts de marché à reconquérir".La reprise en main par le tandem Icart-GXP Capital, un fonds d'investissement basé en Suisse, a été acté début février.
1250 salariés et 50% de Corse Presse
L'entrepreneur Gilles Périn, à la tête de ce fonds, avait alors indiqué avoir l'intention d'apporter avec M. Icart, ex-élu DVD devenu opposant au maire UMP de Nice Christian Estrosi, un soutien financier de 20 millions d'euros via Nice Morning, nouvel actionnaire majoritaire du groupe Nice-Matin.Le groupe, qui emploie 1.250 salariés, a terminé l'année 2013 avec une perte d'exploitation de 6 millions d'euros.
Il publie les quotidiens Nice-Matin (qui tire à 90.000 exemplaires), Var-Matin (65.000 exemplaires) et Monaco-Matin.
Le groupe détient aussi 50% du capital de la société Corse Presse, qui édite Corse-Matin.
GXP Capital, le fonds suisse qui a promis d'investir 20 millions d'euros dans "Nice-Matin"
Le fonds d'investissement suisse, GXP Capital, est installé à Baar, une bourgade du canton de Zoug.Selon le journal Le Point, "GXP Capital, qui n'a apparemment pas de salariés et un modeste capital social de 100 000 francs suisses (80 000 euros), est dirigée par Haris Thalis Papadopoulos, un Suisse d'origine grecque. Ce dernier n'avait pas encore manifesté d'intérêt pour la presse, GXP Capital étant plus orienté vers l'hôtellerie de luxe et la construction navale. Par ailleurs, on retrouve le nom de ce Suisse d'origine grecque dans la société Franc Vial, à Genève, active dans l'horlogerie, et dans Swiss Aircraft Technologie, à Lausanne, spécialisée dans la commercialisation de drones et d'ULM."
Manque de transparence
"Dirigée depuis juillet 2013 par Haris Thalis Papadopoulos, la société GXP Capital ne brille pas par sa transparence -estime pour sa part l'Observatoire des journalistes et l'information médiatique (Ojim). Les seules indications connues sont ses domaines d’activité : l’hôtellerie de luxe et le yachting. Déménagé, dans la foulée de ce changement de gouvernance, de Genève à Baar, dans le mini paradis fiscal de Zoug, GXP capital ne publie aucun chiffre financier. Il n’emploie pas de salariés. Difficile dans ces conditions de connaître l’origine des 20 millions d’euros destinés à sauver Nice-Matin du dépôt de bilan."