Les médias horrifiés après cette attaque contre le débat intellectuel

L'attentat contre Charlie Hebdo, sans précédent dans la presse, a stupéfié les médias en France qui s'alarment de la violence de cette attaque contre la liberté d'expression, entraînant un renforcement de la protection de leurs locaux.

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Radios, télévisions, sites internet ou quotidiens: les rédactions françaises ont aussitôt fait part de leur "stupeur", de leur "émotion" et de leur "effroi" face à une agression sans précédent.

"Pendant la guerre d'Algérie, il y a eu des attaques contre des journalistes, quelques bombes posées, mais il y a eu très peu de morts. Il y a eu quelques affaires mais c'était généralement un déséquilibré -comme dans le cas de Libération l'année dernière- mais on n'a jamais eu d'attentat de ce type-là", a déclaré à l'AFP l'historien des médias Patrick Eveno.

"On voit bien qu'il s'agit de tuer et de bâillonner, de liquider une rédaction et tout ce qui va avec", a-t-il ajouté.

"Franchement, à Reporter sans frontières c'est des choses que l'on voit dans des pays comme le Pakistan ou la Somalie mais sur le territoire européen c'est un jour noir", a abondé le secrétaire général de l'organisation, Christophe Deloire sur RTL. "L'acte d'intimidation le plus barbare qui a été fait contre la liberté d'expression."

"Nous sommes entrés dans la barbarie", a estimé le patron de RTL Christopher Baldelli, selon qui "on a la triste preuve que les médias sont des cibles pour tout ce qu'ils représentent".

Gilles Van Kote, le directeur du Monde, a fait part de "sa stupéfaction et son indignation, sa solidarité émue avec l'équipe de Charlie Hebdo et ses condoléances aux familles des victimes".

"C'est une alerte pour toute la société, pour tous ceux qui jouent avec les haines, tous ceux qui jouent avec les peurs. Rien ne saurait justifier que l'on veuille tuer quelqu'un au nom de ses opinions, pas plus celle d'un journaliste que celle d'un citoyen", a déclaré à l'AFP le patron de Mediapart Edwy Plenel.

Dans un communiqué, Rémy Pflimlin, le PDG de France Télévisions, a condamné "avec la plus grande force l'attaque meurtrière dont ont été victimes les journalistes (...) ainsi que les forces de l'ordre". 

"Au nom de Radio France, j'exprime toute ma solidarité avec les personnels de Charlie Hebdo devant l'horreur des faits", a tweeté le patron du groupe, Mathieu Gallet.

Le PDG de l'AFP Emmanuel Hoog et la directrice de l'information Michèle Léridon ont exprimé leur "horreur" et leur "indignation" face à cette "attaque d'une violence sans précédent contre la presse en France".

Les syndicats de la presse (SEPM), des journalistes ou des imprimeurs (Filpac-CGT) et de distribution de la presse (Presstalis) ont également réagi. Avec cette attaque contre Charlie Hebdo, "c'est la liberté qu'on assassine", pour le Syndicat des journalistes (SNJ).

Nicolas Demorand, qui dirigeait Libération lors de l'attaque d'un tireur contre le quotidien en novembre 2013, s'est dit "effondré en pensant à ces gens qui sont juste une bande de potes".

A l'effroi, s'est ajouté la volonté réaffirmée des médias de poursuivre leur mission d'informer.

"Aucune action, aussi épouvantable soit-elle, n'empêchera la presse d'exercer librement sa mission dans la démocratie", a écrit dans un communiqué le groupe de médias Lagardère Active au nom d'Europe 1, le JDD, Elle ou Paris-Match.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a tenu à rendre "hommage à tous ceux qui, par leur talent et par leur courage, servent la liberté d'expression, condition essentielle de la démocratie, fût-ce au prix de leur vie, sans jamais céder aux menaces indignes dont ils peuvent faire l'objet".

En réponse à cet acte terroriste, où les dessinateurs Charb, Wolinski, Cabu et Tignous ont perdu la vie, l'ancien patron de Marianne, Jean-François Kahn a appelé à "republier leurs dessins où ils disent ce qu'ils pensent du fanatisme et du fanatisme islamiste".

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