En 2019, la parole se libère, le féminicide s'impose dans la société

Cette année 2019 a été marquée par une volonté du gouvernement de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité nationale. L'électrochoc est venu de Corse : le 3 mars dernier, Julie Douib, 35 ans, est tuée par balles par son ex compagnon à l'île Rousse.

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DIX... c'est le nombre de femmes tuées par leurs compagnons, en Corse au cours de ces dix dernières années.

Le 3 mars dernier, Julie Douib, est tuée par son conjoint à l'île Rousse, touchée à bout portant par deux balles de calibre 9 mm. Cette mère de deux enfants âgée de 35 ans devient l'emblème de cette problématique sur l'île.  

"Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Surtout qu’elle n’est pas morte sur le coup, je l’ai vue et elle m’a dit, il m’a tuée", raconte avec émotion une voisine de Julie Douib. 

Marche blanche, manifestations... Les mobilisations se multiplient sur l'île pour dénoncer ces actes, les associations féministes se lèvent face à la multiplication des féminicides.

  

Manquements des pouvoirs publics ?


Rapidement les pouvoirs publics sont mis en cause, selon ses proches, la victime subissait des violences régulières et avait alerté les gendarmes. "Ma fille a porté 5 ou 6 fois plainte avec justificatifs de coups, certificats médicaux, lettres de témoignages, je ne comprends pas comment on peut en arriver là", déclare le père de Julie Douib.

Mais trois jours après la mort de la jeune femme, la procureure de la République de Bastia répond et l'affirme, il n'y a eu aucun dysfonctionnement judiciaire.
 

J’entends bien le décalage qu’il y a entre ce que Julie Douib a pu raconter à ses proches et ce qu’elle a révélé aux gendarmes et à la justice, notamment ces histoires de dangers dans lesquelles elle se serait trouvée qui ne correspond pas du tout à ce qu’elle a pu déclarer aux gendarmes ou au parquet qui a géré les plaintes qui ont été déposées, déclare-t-elle. 


Les modes opératoires se répètent : frappée à mort, étranglée, tuée par balle, à coups de couteau, à coups de pierre, aspergée d'essence, jetée d'un pont, sous un train. D'Ajaccio à Paris, les manifestations sont nombreuses pour dénoncer ces actes cruels.

 


La mort de la jeune femme devient alors une priorité nationale, elle est la 30ème victime en France, un grenelle est alors lancé par le gouvernement. 
 


"Axel tu me regardes ! Tu l’as tuée Axel ! Tu l’as tuée !"


Le 21 juin, le procès d'Axel Bouchard démarre aux Assises de Corse-du-Sud. Il est accusé d'avoir battu à mort sa petite amie, le 1er mai 2016. Ce jour-là, suite à un appel reçu par le CODIS, les secours se rendent dans une résidence d'Ajaccio. Une jeune femme y aurait été victime de violences. 

Dans l'appartement d'Axel Bouchard, ils trouvent le corps de son ex petite-amie, Savannah Torrenti. Inconsciente, elle est dénudée, le visage tuméfié.

Plusieurs personnes sont présentes dans l’appartement. La petite amie d’Axel Bouchard, ses deux sœurs, ainsi que le compagnon de l’une d’entre elles. C’est d’ailleurs ce dernier qui a appelé le CODIS. Axel Bouchard, lui, prend la fuite dès l’arrivée des pompiers. Malgré leurs efforts, les secouristes ne pourront réanimer la jeune femme. Axel Bouchard se rendra au commissariat dans l’après-midi, accompagné de ses parents.

 

Au procès, les témoignages poignants des proches de Savannah se succèdent. Quatre jours après, le verdict tombe : Axel est condamné à 26 ans de réclusion criminelle.
  

Une parole libérée


Peu à peu dans la société, la parole se libère. Face à cette mobilisation importante, les femmes osent parler. "Il y a eu la première violence qui m’a complètement anéantie. Pendant longtemps je m’interrogeais sur ce qui s’était passé. J’ai eu la chance de ne pas mourir, c’est grâce à mes toilettes ou j’ai pu me réfugier pour qu’il ne me balance pas par le balcon après m’avoir donné un coup de poing. Je suis restée 24h au lit, je n’arrivais pas à parler, je suis restée en état de choc", confie Carina, victime. 

 
Le 25 novembre, le grenelle sur les violences faites aux femmes s'achève. Protéger les victimes, prendre en charge les auteurs, éduquer à l'égalité femmes-hommes : il a permis d'établir une cinquantaine de mesures censées notamment enrayer le fléau des féminicides et de rompre la spirale des violences au sein du couple, dont les femmes sont très majoritairement victimes. 
 
3919 : numéro d'écoute national
Si vous ou une personne de votre entourage est victime de violences conjugales, il est possible d'appeler gratuitement « Violences Femmes info » en composant le 3919. Géré par la Fédération nationale solidarités femmes, il permet d'obtenir une écoute et d'être informé et conseillé sur les démarches à suivre.

Le service est ouvert 7 jours sur 7, même jours fériés. Les horaires d'appel vont de 9 heures à 22 heures du lundi au vendredi et de 9 heures à 18 heures les samedis, dimanche et jours fériés. L'appel n'apparait pas sur les factures téléphoniques.
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