Le Premier ministre Manuel Valls a de nouveau rejeté lundi les demandes des nationalistes corses de rendre la langue corse "co-officielle" avec le français et de créer un statut favorable de "résident" sur l'île, répétant qu'il s'agissait de "lignes rouges".
Des annonces et des fins de non-recevoir
Dans un discours devant l'Assemblée de Corse, le chef du gouvernement a annoncé plusieurs mesures en faveur de l'île de Beauté, dont la création d'une agrégation en corse, la mise en place d'une "chambre des territoires" dans le cadre de la nouvelle collectivité unique de Corse, ainsi que sa volonté de "prolonger" des régimes fiscaux dérogatoires valables en Corse pour lutter contre la hausse des prix de l'immobilier local.Prisonniers "politiques"
Mais à la revendication phare des nationalistes d'obtenir une "amnistie" pour ceux qu'ils qualifient de prisonniers "politiques" corses, Manuel Valls a répliqué en assurant que les règles de rapprochement "s'appliquent", rejetant une nouvelle fois au passage le qualificatif.Le chef du gouvernement a également indiqué qu'il n'y aurait "ni amnistie, ni oubli d'un crime grave", en référence au "commando Erignac" ayant tué le préfet de Corse en 1998, qu'il assume de garder en prison sur le continent.
"Il y a aujourd'hui un désaccord total entre le gouvernement français d'une part et les responsables de la Collectivité de Corse d'autre part", a déclaré Jean-Guy Talamoni.
"Nous ne sommes même pas d'accord sur le concept même de prisonniers "politiques", qui contre toute évidence est nié par Paris", a ajouté le Président indépendantiste de l'Assemblée de Corse.
Une chambre des territoires
La collectivité unique qui remplacera l'actuelle et les deux départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse entrera bien en vigueur au 1er janvier 2018. Elle sera dotée d'une "chambre des territoires" demandée par de nombreux élus corses, même si celle-ci "ne doit pas remettre en cause le principe d'une collectivité unique".Siégeant à Bastia quand la collectivité sera à Ajaccio, "elle sera composée de représentants de la collectivité de Corse et des communes et intercommunalités", mais sans être un établissement public, a détaillé le chef du gouvernement.
Pour Jean-Jacques Panunzi, le sénateur LR de la Corse-du-Sud, le compte n'y est pas. "On est venu nous proposer une réforme institutionnelle qui va conduire la corse dans une impasse", a-t-il réagi.
L'Arrêté Miot
Concernant l'arrêté Miot, qui réduit l'impôt sur les successions en Corse, malgré la "contrainte constitutionnelle" du principe d'égalité entre les citoyens français, "j'ai la conviction qu'une voie juridique existe pour prolonger le régime dérogatoire spécifique", a dit Manuel Valls, annonçant une prochaine "proposition solide" soutenue par le gouvernement.
Cette proposition de loi a été déposée par le député Camille de Rocca Serra, député LR de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud. "Je me réjouis de savoir que le Premier ministre a repris la copie que j'ai déposée, maintenant il faut que nous nous entendions sur l'ensemble des points", a-t-il indiqué.