Mercredi 15 février, la commission d’enquête parlementaire a entendu les représentants syndicaux des personnels de l'administration pénitentiaire et ceux de la direction. Des représentants de la direction qui ont eu du mal à convaincre les quelques députés présents.
Pendant une heure et demie, mercredi 15 février, trois hommes ayant été chef d’établissement pénitentiaire et représentants des syndicats CGT et CFDT ont été entendus par la commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna.
Tous reconnaissent l’échec que constitue la mort du militant nationaliste et réaffirment que le risque zéro n’existe pas. À la question : « Un chef d’établissement pouvait-il ne pas savoir que Franck Elong Abe était considéré par les services de renseignement comme le haut du spectre des terroristes islamistes ? », ils répondent d’une même voix : « Nous ne savons pas tout ».
De quoi laisser stupéfaits les députés présents. « Ce sont des termes qui m’ont interpellé. Je dois avouer qu’au fur et à mesure des auditions et que nous pénétrons dans la réalité de ce mode carcéral, je m’aperçois que parfois, il y a des informations qui ne passent pas, qui ne sont pas transmises. Peut-être, et je dis bien peut-être, que ça a joué un rôle dans ce qu’il s’est passé à Arles le 2 mars 2022 », estime Laurent Marcangeli, rapporteur de la commission d'enquête parlementaire.
Ne pas « se cacher derrière le poids de l’administration »
Ces trois personnes ont ensuite été interrogées, à plusieurs reprises, sur la gestion de l’ancienne directrice de la prison d’Arles. Au laxisme dénoncé par le président et certains députés, ils rétorquent l’expérience et la rigueur de la professionnelle.
Des propos qui provoquent le courroux des membres de la commission. Ils dénoncent un corporatisme. « Ce qui m’inquiète, c’est cette solidarité de corps. On est face à un milieu carcéral qui par moment peut être dangereux. La facilité n’existe pas. En revanche, on est dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, donc on a quand même le droit de les mettre en demeure de répondre à nos questions de façon factuelle sans se cacher derrière le poids de l’administration. Il y a des questions, on veut des réponses », affirme Emmanuel Taché de la Pagerie, député Rassemblement National d'Arles.
En fin de journée, les représentants syndicaux des agents pénitentiaires ont également été auditionnés. Unanimes, ils ont fait part de leur détresse. Manque de moyens humains, de formation, d’attractivité, « un tableau édifiant » selon Laurent Marcangeli. Une sorte de cri d’alerte d’une profession qui permet de mieux comprendre les dysfonctionnements de l’administration pénitentiaire.