Dans la nuit du 5 au 6 juillet, l’Assemblée de Corse a adopté une délibération sur l'autonomie. Un texte que sera présenté au gouvernement prochainement. Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, a accordé un entretien à France 3 Corse.
46 voix pour. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, l’Assemblée de Corse a voté une délibération en faveur de l’autonomie de l’île.
Long d’une quinzaine de pages, le document définit le projet d’autonomie souhaité, les transferts de compétences envisagées, ainsi que les moyens pour y arriver, notamment par le biais d’un référendum et l’inscription d’un titre spécifique dans la Constitution française.
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, a répondu aux questions du journaliste Jean-Vitus Albertini.
La nuit dernière, l’Assemblée de Corse a voté le texte sur l’autonomie, c’est celui des nationalistes. Il n’y avait, visiblement dès le départ, aucune volonté de constituer un projet commun, votre texte est nationaliste, celui de la droite est minimaliste. Finalement, c’est la logique des urnes qui a prévalu ?
C’est la logique des urnes dans les proportions, 70 % de voix pour des listes nationalistes en juin 2021, 75 % des élus de l’Assemblée de Corse étaient en faveur du projet d’autonomie hier. Les nationalistes certes, une abstention bienveillante de Josepha Giacometti [non-inscrite Corsica Libera ndlr.], et aussi l’ajout de Pierre Ghionga qui n’est pas nationaliste, mais qui a tenu à dire qu’il était autonomiste et qu’il se reconnaissait dans ce texte que nous avons construit ensemble.
Pourquoi ce qui a été possible il y a 20 ans avec Matignon ne l’a pas été aujourd’hui ?
Matignon, c’était un autre contexte. Matignon, à l’époque, les nationalistes étaient ultra minoritaires, on était parti de deux résolutions qui étaient certes différentes, mais qui avaient vocation à converger. Hier, la droite a dit clairement que les deux textes de départ étaient, et je reprends les mots de Jean-Martin Mondoloni [président du groupe de droite à l’Assemblée de Corse ndlr.] dans son intervention, « irréconciliables ».
Ce que je retiens aussi, c’est que Matignon a échoué et qu’il a fallu attendre près de 25 ans, une génération, pour qu’une nouvelle occasion d’une réforme institutionnelle profonde se présente. Cette fois-ci ne manquons pas le train.
La droite vous reproche surtout de ne pas avoir accepté d’aller à Beauvau avec deux textes. Pourquoi avoir refusé la proposition de la droite ?
Je suis un peu étonné de cette critique. Trois remarques : d’abord dès le matin, la droite a dit que les deux textes étaient, je cite, « irréconciliable ». Ensuite, nous les avons invités à une réunion de la conférence élargie des présidents, ils nous ont redit qu’ils ne voulaient pas travailler à une convergence entre les deux textes de départ, dont acte. Troisième et dernier point, je rappelle que la session extraordinaire d’hier s’est tenue pour que l’Assemblée de Corse fasse connaître à l’État sa position sur le statut d’autonomie. Il y avait donc une seule position à faire connaître, elle a été votée. Elle est très majoritaire et aujourd’hui, la délibération incarne la position de la collectivité de Corse qui est, je le rappelle et nous l’avons votée à l’unanimité droite comprise, l’institution garante et dépositaire des intérêts matériels et moraux de la Corse et du peuple corse.
La droite parle de délit de démocratie et vous lui renvoyé la balle en disant qu’il y a une stratégie commune entre l’État et la droite, c’est vraiment ça ?
Un délit de démocratie suppose que l’on n’applique pas les règles de la démocratie. Le fondement de la démocratie, c’est le vote. Tous les jours, il y a des votes négatifs, y compris de l’opposition ou de l’opposition nationaliste, c’est la loi de la démocratie. Il faut la respecter. Je ne connais pas l’intention de l’État, nous ne sommes pas les cœurs et les reins. Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, les urnes ont parlé puissamment, en juin 2021, l’Assemblée de Corse s’est exprimée de façon sereine et démocratique. La balle est désormais dans le camp de l’État et je ne peux pas imaginer que le gouvernement, le chef de l’État et l’État, ne tirent pas toutes les conséquences du vote extrêmement important de l’Assemblée de Corse.