Deux réunions auront été nécessaires pour que la communauté de communes Pasquale Paoli adopte son budget. Un document de 5.780.000 € en déficit et lourdement critiqué par l'opposition, qui prévoit son déferrement par le préfet devant le tribunal administratif.
Déjà ajourné d'une semaine, la communauté des communes de Pasquale Paoli n'avait pas le choix : à trois jours de l'échéance, il fallait, hier, mardi 12 avril, voter son budget.
C'est désormais chose faite, non sans difficulté. Il faut dire que l'exercice était périlleux, tant les tensions sont nombreuses, depuis plus d'un an, au sein de la CCPP, entre membres de la gouvernances et élus "dissidents".
Le blocage financier dans lequel se trouve l'intercommunalité a occupé une grande partie des discussions.
Le budget présenté n'est ainsi pas équilibré, et la partie générale abonde le budget déchets à hauteur de 286.000 euros. Un transfert jusqu'alors autorisé par dérogation, qui ne devrait pas être renouvelée : "le préfet [qui était absent à la réunion, ndlr] ne donnerait pas de dérogation et défèrerait le budget au tribunal", indique ainsi Jean Brignole aux élus et représentants de la CCPP, en s'appuyant sur les dires du président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, lors d'une réunion tenue la veille.
Le risque d'un déferrement devant le tribunal administratif
Le ton monte et l'opposition proteste longuement jusqu'à ce que Cathy Cognetti, la présidente de séance, fasse procéder au vote : le budget, qui s'élève à 5.780.000 euros, est adopté avec 32 voix pour et 23 contre. Les maires de la Caccia et du Niolu, un temps pressentis opposants, ont permis de maintenir la majorité.
Au grand énervement de l'opposition, qui choisit de quitter la salle. Non sans un certain fracas, dans le cas de Pierre Olmeta, maire de Bisinchi, qui promet poursuivre les discussions, cette fois "au tribunal". "La CCPP s'enfonce. On a voté un budget insincère sur plusieurs points qui sont connus de tous. Ceux qui l'ont voté prennent le risque d'un déferrement par le préfet à la chambre régionale des comptes, voire d'autres actions. Chacun assumera ses responsabilités, mais pour notre part nous ne voulons pas participer à ce qui n'est pas un vote de budget. On ne présente pas un budget qui est en déséquilibre, la loi l'interdit. [...] Ce n'est pas une attitude responsable."
La majorité justifie elle son choix budgétaire par un refus d'augmenter les taxes payées par les habitants pour combler le déficit, et attend l'aide de l'Etat. Reste désormais à savoir si le préfet le défèrera effectivement, ou non, devant le tribunal administratif.