L'épidémie de Coronavirus et le confinement ont aussi bouleversé le quotidien des sportives de haut niveau. Fermeture des installations sportives, annulation ou report des compétitions, une situation inédite. A chacun sa solution…
Alexandra et Laetitia Feracci s’entrainent presque normalement. Presque normalement même si cet entrainement à pour unique cadre la maison familiale située sur les hauteurs du Parc Berthault à Ajaccio.
Les deux championnes de Karaté catégorie Kata reconnaissent « avoir la chance de disposer à demeure des installations adéquates (tatamis, salle de musculation) ». Qui plus est, elles ont « leur entraineur de papa » sous la main. Alors le moral est désormais au beau fixe.
Mais, Alexandra , médaillée de bronze aux championnats d’Europe l’an dernier à Guadalajara (Espagne) ne cache pas que l’annonce de l’annulation de plusieurs compétitions, puis celle du confinement et enfin, quelques jours plus tard, l’officialisation du report des Jeux Olympiques (JO) de Tokyo à l’été 2021, lui ont d’abord mis un coup au moral. « J’ai eu l’impression d’être fauché en plein vol. Le sentiment que tous les sacrifices consentis dans le cadre de la préparation intensive à laquelle je m’astreins depuis deux ans pour obtenir mon visa pour Tokyo étaient comme balayés d’un seul coup. »
Actuellement dans le top 10 mondial de sa discipline, il ne lui manquait que quelques points supplémentaires (une performance de plus) pour être définitivement sélectionnée pour les JO. Cette immense déception elle a mis une semaine à la digérer. Une semaine « pour retrouver l’envie de se remettre au travail ».
La présence de sa sœur, Laetitia a été déterminante. La cadette n’est en effet pas concernée par l’échéance olympique alors elle a accueillie « cette fin de saison anticipée avec plus de détachement ».
Aujourd’hui, Alexandra positive . « J’ai un an de plus pour préparer pour les JO ». Du coup, elle a repris l’entrainement avec son père, et puis en visio, sous la houlette d’Ayoub Neghliz (son entraineur depuis quatre ans).
►Les soeurs Feracci à l'entraînement :
En famille aussi, les sœurs Gneto
Le 30 mars dernier, Priscilla Gneto était présente à Porto-Vecchio pour l’anniversaire de sa mère. 10 ans que cela ne lui est pas arrivé . Plus encore que la judoka n’a pas passé autant de temps en famille. « D’habitude on se retrouve une dizaine de jours l’ été, une semaine pour les fêtes de fin d’année, mais pas plus », livre-t-elle.
Dès l’annonce du confinement, Priscilla et Astride ont regagné la Corse. Impensable de rester loin des leurs et enfermées dans un appartement parisien. « J’ai une amie qui est confinée dans un 50 mètres carrés de la capitale avec sa mère. C’est plus compliqué pour elle que pour nous » confie la médaillée de bronze aux JO de Londres.
Les deux sœurs profitent de ce moment inédit pour se ressourcer. Chaque jour, elles s’astreignent néanmoins à des exercices de prépa physique. « On a la chance d’être deux. On a pas de tatamis mais on peut quand même répéter quelques gestes essentiels », souligne une des soeurs.
► Les soeurs Gneto à l'entraînement :
Leur quotidien habituellement conditionné par la préparation de la compétition à venir est bouleversé. « On est dans le flou », lance Astride. Le report des JO, en revanche, ravit presque Priscilla. « Ca m’offre des chances supplémentaires de me qualifier, car là ce n’était pas acquis. Au contraire », confie la jeune femme. Cette pause forcée lui permet également de consacrer plus d’énergie à ses études de journaliste. Quatre heures par jour en visio.
► Priscilla Gneto en cours :
Toujours entre deux avions
Cassandra Sampieri suit aussi, par écran interposé ses cours. Elève de la seconde sport au lycée Vincensini à Bastia, elle se connecte chaque jour et se plie, sans broncher au programme imposé. Plus difficile à vivre, le ralentissement de son rythme de vie.
Depuis la dernière rentrée, la karateka borgaise, membre de l’équipe de France cadette vit à 100 à l’heure. Toujours entre deux avions. Toujours entre Borgo et Paris, entre scolarité et stages nationaux.
Aujourd’hui, confinement oblige, elle ne quitte pas le domicile familial. Elle mesure néanmoins sa chance. Comme les sœurs Feracci, elle dispose d’un dojo et d’appareils de musculation à la maison. Comme les sœurs Feracci, elle a Charles, son entraineur de papa « sous la main ».
► Cassandra Sampieri à l'entraînement :
Battante et perfectionniste, la peur de régresser la pousse à s’entrainer plus encore qu’a l’accoutumée. Certes les entrainements avec le staff national lui manquent. Mais Cassandra relativise. Elle réalise qu’elle peut travailler ses katas à sa guise. Ce qui n’est pas le cas de ses adversaires et néanmoins amies de l’équipe de France.