Ce jeudi 1er décembre, une partie des cabinets de médecins libéraux seront fermés. La profession est en grève pour deux jours. Les protestataires réclament un doublement du tarif de la consultation, de 25 à 50 euros.
« La dernière chance pour sauver la médecine de terrain. » Ce jeudi 1er décembre, les médecins libéraux sont en grève, durant deux jours, à l’appel d’un large front syndical et initié par le jeune collectif Médecins pour demain.
La principale revendication du mouvement est le doublement du tarif de la consultation, de 25 à 50 euros. Un moyen, selon la profession, de peser dans la négociation ouverte avec l’assurance-maladie en vue d’un nouvel accord pour les cinq prochaines années. De plus, cette hausse des tarifs est présentée par les syndicats comme une nécessité pour créer « un choc d’attractivité » vers une médecine de ville écrasée par des tâches administratives au détriment du soin, et qui n’attire plus les jeunes.
Inquiétudes autour de la liberté d’installation
Au-delà du sujet financier, les médecins s’inquiètent pour leur liberté d’installation, de plus en plus remise en question, notamment au Parlement où s’accumulent les propositions de loi sur les déserts médicaux. Ils sont vent debout contre l’éventualité que certains infirmiers puissent être autorisés à prescrire.
À la veille de la grève, l’assurance-maladie a écrit aux praticiens pour « réaffirmer le rôle central du médecin généraliste traitant dans le parcours de soin ». Sans s’engager sur un montant, elle s’est dite prête « à revaloriser les tarifs des actes et consultations », dans un courrier de son directeur général Thomas Fantôme. Néanmoins, ce mouvement, soutenu par l’Ordre des médecins, pourrait rebondir au moment des fêtes de fin d’année. « Si nous ne sommes pas entendus, nous appellerons à la grève dure et illimitée à partir du 26 décembre », prévient Médecins pour demain.
Entretien avec Laurent Carlini, médecin généraliste
Un mouvement suivi en Corse, à l’instar du docteur Laurent Carlini, représentant de la confédération des syndicats médicaux français. Il répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Avec un contexte d’inflation, certains ne comprennent pas ce mouvement de grève…
C’est le besoin d’être entendu, écouté, et le besoin de revaloriser notre spécialité de médecine générale surtout au sortir de la crise où on a montré que les médecins traitants et généralistes étaient au cœur du système, au plus près du besoin du terrain. Et je pense aussi à tous les métiers du soin, qu’ils soient revalorisés.
Aujourd’hui, beaucoup de médecins généralistes vont partir à la retraite…
La moyenne d’âge des médecins généralistes est, notamment en Corse, de 55 ans. Ça veut dire qu’une certaine proportion de médecins qui sont âgés et qui ont aussi, peut-être envie de partir à la retraite et il n’y a pas encore assez de jeunes qui arrivent sur le terrain. Donc il faut rendre cette profession attractive.
Concrètement, que proposez-vous ?
On demande la revalorisation de la tarification. Ce n’est pas un sujet tabou, il faut absolument qu’elle soit alignée à la moyenne européenne qui est de 45 euros, qu’elle soit adaptée au motif de consultation. Il faut rendre notre profession attractive et rendre ce choix de médecine générale attractif, ça va passer par les exercices coordonnés que l’on commence à mettre en place avec un transfert de tâches. Nous ne sommes pas contre, mais il faut que cela soit fait en concertation et il faut que le médecin traitant reste au cœur du dispositif, il n’est pas question de le court-circuiter.
En parallèle, les biologistes libéraux sont également en grève ce jeudi. Leur mouvement devrait quant à lui durer trois jours, soit jusqu’à samedi.