Alertes au gaz à Ajaccio : des inquiétudes justifiées ?

Depuis le début du mois, les pompiers ont été appelés à plusieurs reprises pour des odeurs suspectes de gaz dans le centre d’Ajaccio, notamment dans la vieille ville. Une réunion a eu lieu en début de semaine en préfecture afin d'évoquer la recrudescence de ces alertes.

Ces derniers jours, le Service d’incendie et de secours de Corse-du-Sud a été sollicité à plusieurs reprises pour des alertes au gaz dans le centre d’Ajaccio. Principalement dans le secteur cours Napoléon-vieille ville.

"Depuis le 1er avril, on est sur une quinzaine d'appels aux sapeurs-pompiers pour des signalements d'odeurs suspectes ou des possibles fuites de gaz, explique Danyl Afsoud, directeur de cabinet du préfet de Corse. Cela représente un volume d’appels quatre fois supérieur à la normale, sur une même période, pour ce type d'interventions."

Dernier exemple en date mardi 18 avril où les pompiers sont cette fois intervenus, dans la soirée, à la Résidence des îles pour une odeur suspecte.

Avant cela, le week-end dernier, c’est dans les ruelles du San Carlu qu’ils s’étaient rendus plusieurs fois avec les agents d’Engie Corse pour des suspicions de fuite de gaz.

Ces interventions s’ajoutaient à d’autres alertes, notamment celle du 12 avril où une fuite avait été colmatée dans un immeuble du cours Napoléon. Autant d’événements qui ont poussé les autorités à se réunir en préfecture lundi dernier pour évoquer la question et rassurer la population.

"Il y avait les représentants du SIS 2A, des services d’Engie, de la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et de la Ville d’Ajaccio", indique Danyl Afsoud qui rappelle la procédure pour ce type de signalements :

"À chaque fois, les sapeurs-pompiers se sont assurés de la mise en sécurité des usagers, si besoin en les évacuant. Ils ont procédé à des relevés de présence de gaz. Sur les quinze interventions, quatre relevés ont été positifs. Cependant, ce sont des taux que les services d’Engie considèrent comme inférieurs au seuil de dangerosité pour la population."

Plusieurs hypothèses

Fausses alertes ? Vétusté du réseau ? Émanation de gaz due à des travaux dans les égouts ? L’origine de ces odeurs suspectes interroge.

"Lorsque la présence de gaz est détectée, il y a deux situations, expose Danyl Afsoud : soit cette présence résulte d'une fuite du réseau et, dans ce cas, elle est réparée afin de permettre un retour dans les lieux de la population et des habitants. Soit on perçoit du gaz dans l'atmosphère, mais cette présence ne résusationslte pas d'une fuite du réseau. Par conséquent, des investigations complémentaires sont conduites afin d'en identifier la cause."

"Le réseau est conforme à la réglementation et les canalisations de distribution de gaz font l’objet d’un plan très strict de maintenance et de surveillance."

Engie Corse

Ces derniers jours, sur place, les techniciens d’Engie Corse ont effectué "une recherche minutieuse dans les rues concernées", souligne le fournisseur de gaz, qui ajoute :

"Des mesures précises sont réalisées à proximité des ouvrages gaz et aux alentours, pour déterminer l’origine exacte des odeurs. Ces dernières peuvent provenir de différents phénomènes : décomposition de matières organiques, déversement de produits inflammables dans les égouts (type white-spirit, essence)."

Quant à une éventuelle vétusté des conduites, Engie répond :

"Le réseau est conforme à la réglementation et les canalisations de distribution de gaz font l’objet d’un plan très strict de maintenance et de surveillance. La sécurité des personnes et des biens est notre priorité absolue. Nos actions de prévention et de surveillance du réseau sont régulières et réglementées."

De son côté, la préfecture "ne peut s’engager sur un motif plutôt qu’un autre mais toutes les hypothèses sont étudiées", souligne le directeur de cabinet du préfet.

Nouvelle réunion ce jeudi

Une autre cause de ces nombreuses alertes pourrait peut-être résulter d'une inquiétude de certains usagers ajacciens qui se serait accentuée après le drame de la rue Tivoli à Marseille. Dans la nuit du 8 au 9 avril, l’effondrement de deux immeubles a entraîné la mort de huit personnes. Selon les autorités, la cause de l’explosion pourrait être due au gaz.

"Cela a pu renforcer les inquiétudes et c'est bien normal, surtout quand on connaît la nature des incidents qui peuvent résulter d'une fuite de gaz, estime Danyl Afsoud. C’est normal que la population s'interroge suite à ce qui s’est passé à Marseille. Pour l’instant, il y a plusieurs hypothèses sur lesquelles nous sommes en réflexion, mais il n’y a pas encore assez d'éléments qui permettent de les objectiver."

Peut-être que la nouvelle réunion organisée ce jeudi 20 avril à la préfecture de région permettra d’en savoir davantage sur cette recrudescence des alertes au gaz.