Corse : cinq personnes mises en examen dans une enquête financière pilotée par la JIRS

Dans le cadre d'une enquête financière sur fond d'escroqueries immobilières, cinq personnes ont été mises en examen par une juge d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille. Trois d'entre-elles ont été écrouées, les deux autres ont été placées sous contrôle judiciaire.

Cinq personnes ont été mises en examen par une juge d'instruction de la JIRS de Marseille dans le cadre d'une enquête pour "escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d'argent en bande organisée", nous a confirmé, vendredi 8 décembre, Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille.

Les hommes poursuivis sont Majdi Amhan, Khalid Azhour, Johann Carta et Christophe Farinotti. L'identité de la cinquième personne ne nous a pas été confirmée. Elle a été placée sous contrôle judiciaire.

L'affaire - révélée par nos confrères de RCFM - porte sur des infractions financières, notamment des placements réalisés dans le secteur de l'immobilier. Le préjudice global de ces escroqueries est estimé à "3 millions d'euros" par le parquet Marseille.

Le reportage de Marie-France Giuliani, Clément Tronchon et Ophelia Felipe :

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Cinq personnes ont été mises en examen dans une enquête financière pilotée par la Jirs de Marseille. ©M.-F. Giuliani - C. Tronchon - O. Felipe

Mardi 5 décembre, la Police judiciaire avait procédé à plusieurs interpellations à Ajaccio et sur le continent. 

Placés en garde à vue, quatre hommes ont été présentés à un magistrat instructeur de la Jirs qui leur a signifié leur mise en examen ce vendredi.

Khalid Azhour, un commerçant ajaccien de 30 ans, a été placé en détention provisoire. Son avocat, Maître Dominique Allegrini, n'a pu être contacté ce samedi.

Le juge des libertés et de la détention a également ordonné un mandat de dépôt à l'encontre de Johann Carta. Âgé de 49 ans et présenté par la justice comme proche de la bande du Petit Bar, ce dernier était déjà incarcéré depuis novembre 2022 dans le cadre d'une autre procédure (relative à une enquête financière sur le club de football du GFCA dont il était le président).

Promoteur immobilier à Ajaccio, Majdi Amhan a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre en Corse. "Il s'est expliqué devant les policiers et le juge d'instruction", nous a indiqué son avocat, Me Dominique Mattei, sans faire davantage de commentaires. 

En plus de ces quatre personnes, Christophe Farinotti a également été mis en examen et placé en détention provisoire il y a trois semaines, mi-novembre.

Les enquêteurs le soupçonnent de s'être fait passer pour un avocat fiscaliste auprès de certains de ses clients insulaires dont il assurait la gestion de patrimoine. Il est suspecté d'avoir détourné à son profit des sommes qu'il plaçait, en leur nom, notamment lors de transactions immobilières. Il aurait notamment exercé une activité de conseiller fiscaliste dans une société de gestion installée à Ajaccio.

En juillet dernier, le tribunal correctionnel de Bastia l'avait condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis, notamment pour "usage de faux en écriture et exercice illégal de la profession d'avocat". 

Une escroquerie sur fond de racket ?

Dans ce nouveau dossier financier, Christophe Farinotti est soupçonné d'escroqueries sur près de dix personnes. Dans cette même affaire, la justice considère également qu'il aurait pu être victime d'une extorsion de la part de certains des hommes mis en examen ce vendredi. 

Contacté, son avocat, Me Luc Tran Duy, n'a pu être joint ce samedi. 

Pour la défense de Johann Carta, assurée par Me Fabien Perez, "il y a plusieurs victimes dans ce dossier".

"La totalité des victimes ne connaissait pas Johann Carta et elles n'ont pas connu M. Farinotti par son intermédiaire, précise le pénaliste inscrit au barreau de Marseille. C'est donc compliqué d'essayer de donner à mon client une responsabilité dans ce dossier."

Concernant le lien entre les deux hommes, ces derniers se connaissent.

"M. Carta avait proposé à M. Farinotti de venir faire sa convalescence dans son hôtel à Ajaccio, confirme Me Perez, qui cite son client lors de son audition : "comment pouvez-vous imaginer, si jamais je devais l'instrumentaliser pour faire des escroqueries, que je puisse lui demander de venir les faire à Ajaccio ? C'est impensable."

Et l'avocat d'ajouter : "certaines personnes utilisent le nom de Johann Carta mais, encore une fois, aucun élément matériel ne le met en avant. [...]. Il n'y a aucun flux d'argent sur les comptes de M. Carta, ce qui n'est pas le cas des autres personnes."

Autre élément avancé par Maître Perez : des gens de l'entourage familial de Johann Carta, qui avaient fait appel aux services de M. Farinotti, dixit le pénaliste marseillais, en auraient été les victimes sans le savoir. 

"Quand il (Johann Carta, ndlr) en a été informé, M. Farinotti a accepté de rembourser les fonds. C'était en 2019", souligne l'avocat. 

Dans ce dossier complexe, les investigations se poursuivent. Elles tenteront de déterminer le rôle de chacune des personnes mises en cause qui, pour l'heure, restent présumées innocentes.

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