En 2014, des conversations téléphoniques entre l'avocate et un de ses clients avaient été écoutées et retranscrites. Me Anna-Maria Sollacaro réclame depuis des années qu'une enquête soit ouverte pour violation du secret professionnel. La chambre de l'instruction de Bastia se prononcera en décembre.
L'affaire dure depuis cinq ans. Mais Me Anna-Maria Sollacaro est bien décidée à poursuivre le temps qu'il faudra. L'ordonnance de non-lieu qui a fait suite à sa plainte pour violation du secret des correspondances, l'avocate ajaccienne ne l'accepte pas.
Ce mercredi 27 octobre, Me Sollacaro, qui a fait appel de la décision, était au palais de justice de Bastia, accompagnée de ses cinq avocats, dont trois venus de Paris. Devant la chambre d'instruction, ces derniers ont tenté de convaincre la cour que des investigations devaient être menées concernant la magistrate qui avait accepté la retranscription des conversations téléphoniques de maître Anna-Maria Sollacaro avec l'un de ses clients, Humbert Danti, et les deux policiers qui avaient versé les retranscriptions au dossier.
Secret professionnel
Pour Me Amale Kenbib, conseil d'Anna-Maria Sollacaro, "si aucune instruction n'a été diligentée, c'est parce qu'il y a une obstruction à la manifestation de la vérité. C'est toujours très compliqué d'instruire à l'égard de ses collègues. Et pourtant, même s'il n'y a pas eu d'instruction, ou alors très légère, il y a des éléments incontestables confirmant la volonté de porter atteinte au secret des correspondances de Me Sollacaro".
Pour l'avocate parisienne, la déclaration des personnes mises en cause, les deux policiers qui ont effectué les retranscriptions, en atteste : "Ils avaient parfaitement connaissance de sa qualité d'avocat et savaient pertinemment que c'était son client à l'autre bout du fil. Mais au regard d'une vague jurisprudence qu'on ne nous a d'ailleurs jamais sortie, la juge d'instruction avait validé la retranscription des écoutes, et donc la violation du secret des correspondances".
Décision le 8 décembre
Me Sollacaro a reçu le soutien de l'Adap, l'association des avocats pénalistes. Il faut dire que la question du secret des correspondances est sensible, alors que la délimitation du secret professionnel des avocats est âprement discutée en ce moment à l'Assemblée nationale.
A en croire Me Kenbib, l'affaire Sollacaro est "l'illustration de ce qui se passe actuellement, et elle démontre que le secret des correspondances est en danger, déjà aujourd'hui, avant même que la loi passe..."
La décision de la chambre d'instruction sera rendue le 8 décembre prochain. Les conseils de Me Sollacaro ont également demandé le dépaysement de l'enquête, si la cour venait à leur donner raison. Une demande qui avait été appuyée, dès le mois de juin dernier, par Jean-Jacques Fagni, le procureur général de Bastia.