Les trois jours de manifestations, à la suite d'un rassemblement de soutien à deux pompiers et un policier blessés lors d'un "guet-apens" dans un quartier populaire d'Ajaccio, suscitent la stupeur d'une presse dénonçant "une haine xénophobe" d'insulaires en mal de "boucs émissaires".
Les tensions et incidents qui durent depuis quatre jours à Ajaccio, suite à l'agression de pompiers la nuit de Noël dans le quartier des Jardins de l'Empereur, ont beaucoup fait parler en France dans les colonnes des journaux, qui dénoncent des actes racistes en Corse.
Le journal l'Humanité titre dans ses pages antérieures "La haine xénophobe défigure l'île de Beauté".
Même indignation chez Olivier Auguste, de l'Opinion, pour qui ces événements sont à peine croyables: "Transposée dans n'importe quelle banlieue dite difficile du continent, les scènes qui se sont déroulées vendredi et samedi à Ajaccio semblent tout bonnement inimaginables".
Pour Jean-Michel Helvig, de la République des Pyrénées, de tels débordements ne pouvaient pas se produire ailleurs. Ils étaient "une occasion de surfer sur une colère de nature très insulaire, en ce sens où la "vendetta" y est une loi au-dessus de toutes les autres".
Jean-Louis Hervois, de la Charente Libre, dénonce ce "particularisme insulaire qui encourage l'île à interpréter à sa façon les lois de la République". Et d'ajouter:"la Corse s'arrange des assassinats de rue et des règlements mafieux mais tient en horreur la petite délinquance, véritable trouble à l'ordre naturel des choses... Dans un monde à peine plus grand et moins peuplé que la Charente, entouré par la mer, y aurait-il meilleur bouc émissaire que l'immigré ?"
Pour Paul-Henri du Limbert, du Figaro, le remède est simple: il revient à l'Etat de défendre "l'identité française", "qui repose sur un socle non négociable de valeurs communes". "S'il ne la défend pas, s'il ne l'impose pas, d'autres s'en chargeront à sa place, à leur façon. Comme en Corse cette semaine. Est-ce vraiment ce que l'on veut?"
A l'inverse, Pierre Fréhel du Republicain Lorrain, se demande si cette identité nationale exhortée ne comporte pas des risques: "l'affirmation identitaire constitue une force et un danger, celui du rejet de l'étranger. Cette tentation gagne aujourd'hui toute l'Europe. Mais ce n'est pas en niant la diversité française et en refusant tout entorse à la norme linguistique que Paris favorisera la tolérance et l'ouverture".
Isabelle de Gaulmyn, dans La Croix déplore la "grande confusion qui s'installe dans le pays, entre religion, origine et délinquance. Avec la tentation de faire des croyants musulmans les boucs émissaires, sacrifiés sur l'autel de l'identité nationale".