Alors que le dernier navire de la saison a quitté le port d'Ajaccio, samedi 25 novembre, le collectif Terra a procédé à des mesures afin de déterminer le taux de pollution. Les données ne seraient pas bonnes et dépasseraient la valeur seuil de l'Organisation Mondiale de la Santé.
Samedi 25 novembre, 17 heures, un géant des mers s'apprête à appareiller. C'est un des plus grands, mais sûrement pas le plus polluant, ses moteurs fonctionnent à l'éthanol.
Dans le port, deux autres navires recrachent leurs fumées. La pollution semble minime, Qualitair corse l'indique sur son site. Pas de quoi s'alarmer apparemment.
Et en ville, selon les capteurs, l'air est bon.
Seuil franchi
27 000. Sur l'instrument de mesure des particules ultra-fines, la valeur limite, de 5 000, est en permanence dépassée. Les défenseurs de l'environnement ont acheté en septembre un Ptrack, et font fréquemment des relevés en ville. Le seuil a été systématiquement franchi.
Dominique Lanfranchi, porte-parole du collectif Terra, attend des actes. "Ce que nous attendons, c'est que les politiques prennent enfin les décisions qui s'imposent, qu'on arrête cette pollution dans le golfe d'Ajaccio, c'est aussi simple que ça. La balle est dans le camp de l'exécutif régional, de la mairie d'Ajaccio et de la chambre de commerce et d'industrie."
Faut-il stopper l'activité des bateaux de croisières ? Pour les associations, il faut au moins réguler et "admettre uniquement dans le port d'Ajaccio les bateaux qui émettent le moins de microparticules possible, c’est-à-dire à tout le moins les bateaux qui fonctionnent au gaz naturel ou des bateaux qui sont équipés de scrubbers."
Rares sont les bateaux équipés de ces dispositifs qui filtrent les fumées.
"On peut difficilement exploiter ces données-là parce qu’elles sont vraiment trop ponctuelles."
Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse
Pourquoi Qualitair corse, qui observe les particules fines, n'a pas de tels résultats, si alarmants ? L'organisme de surveillance lisse les données sur la journée, en calculant sur 24 heures.
Pas question de tenir compte des mesures recueillies par le collectif Terra, comme l'explique Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair sur l'île.
"Ces résultats sont intéressants, cela nous montre qu'on a des impacts au niveau de la ville. Pour autant, en tant qu'organisme de surveillance avec des normes agréées, on peut difficilement exploiter ces données-là parce qu’elles sont vraiment trop ponctuelles. Ce sont des particules ultra-fines, un polluant qui est non réglementé parce qu'il est assez compliqué à mesurer et de pouvoir notamment définir la source, c'est toute la complexité des travaux qu'il faut mener."
Régulation ?
Le dernier paquebot de 2023 est parti samedi 25 novembre.
Le nombre d'escales en Corse n'a cessé d'augmenter depuis le confinement.
En avril, le président de l'exécutif avait annoncé que des nouvelles règles allaient être adoptées, si la pollution des croisières était avérée. Une régulation qui se fait attendre.
Le reportage de Marie-France Giuliani, Florence Antomarchi et Capucine Laulanet :