Les associations ajacciennes de défense de l’environnement se sont dotées d’un instrument de mesure du taux des particules fines et ultra-fines émises par les bateaux de croisière. Les résultats concluraient à "une pollution considérable" dans la cité impériale.
Des mesures jusqu’à 60 fois plus élevées que la concentration moyenne en ville.
Ce sont les résultats observés par la coordination Terra, lors du passage des bateaux de croisière à Ajaccio.
Différents relevés ont été effectués par les associations de défense de l’environnement place Abbatucci, côté mer, le 1er octobre "de 15h44 à 18h30, avant le départ et pendant le démarrage des moteurs des deux bateaux de croisières, le Celebrity Edge et le Marella Discovery, présents ce jour-là à Ajaccio, partis quasi en même temps et alors que la circulation automobile était anecdotique", précise le collectif.
Les chiffres enregistrés "entre 17h et 17h30, au moment du départ des deux bateaux, vont de 10 000 à 321 000, soit de 2 à 60 fois la concentration moyenne en milieu urbain".
Selon les études faites par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air, la concentration moyenne en milieu urbain "de fond", c’est-à-dire en dehors des rues et axes routiers, hors épisode notable de pollution, est "inférieure à 5 000 particules par cm3".
Les concentrations en milieu rural sont, elles bien inférieures. "Des mesures effectuées à Vizzavona le 16 novembre 2023 à 15h, jour de vent, ont donné un peu plus de 500 particules /cm3", indiquent les associations.
Résultats "inédits et inacceptables"
S’il n’existe pas de normes concernant les concentrations de particules ultrafines dans l’air, les résultats de ces mesures, sont, pour le collectif, "inédits et inacceptables", et "devraient interpeller l’État, Qualitair, la CCI et la Collectivité de Corse".
"Les mesures effectuées concluent à une pollution considérable, « hors la loi ». Elles prouvent le bien-fondé des alertes et des actions des associations de la coordination Terra, écrivent les associations. Nous sommes dans le cadre de la mise en danger d’autrui en toute connaissance de cause."
Nouvel appareil de mesure
Si le collectif a pu réaliser ces relevés, c’est grâce à l’acquisition d’un appareil de mesure par l'association U Levante.
Cet instrument à la "fiabilité reconnue" permet d’évaluer "le taux des particules fines et ultrafines d’une taille allant de 0,02 à 1 µm, en temps réel, émises dans l’air par les bateaux de croisière lors de leurs arrivées ou de leurs départs".
Objectif pour les associations : communiquer ces résultats au public, mais également interpeller la classe politique afin "d'infléchir la politique des bateaux de croisière", comme l'indique le porte-parole Dominique Lanfranchi.
Pour rappel, le 30 mai dernier, Qualitair Corse avait publié un rapport sur l’impact du trafic maritime sur la pollution atmosphérique. Ses résultats différaient considérablement de ceux annoncés par les associations de défense de l’environnement. En effet, selon cette étude, "il n’y a pas de corrélation systématique entre la présence de navire à quai et une augmentation des polluants principaux sur les zones de mesure".