Une cargaison entière d’acide sulfurique a sombré à presque 30 km du port de Gênes début décembre. L'information révélée par les médias italiens a fait réagir en Corse. Les politiques insulaires déplorent qu’aucune communication officielle n’ait été faite par les autorités françaises au moment de l’incident. La pollution occasionnée sur l’environnement reste à évaluer.
"La polémique nous a surpris. Il s'agit d'un incident survenu dans la juridiction Italienne. Nous ne ferons pas d'ingérence. La cuve ne pourra pas être récupérée. D'après nos experts, quand l'acide sera libéré, il se mélangera rapidement à l'eau de mer et n'aura pas d'impact sur l'écosystème, pauvre à 1000m de profondeur. Les eaux aux abords de la Corse ne seront pas contaminées." indique le porte-parole de la préfecture maritime Pierre-Louis Josselin.
28 000 litres d'acide sulfurique
Une cuve de 28 000 litres d’acide sulfurique repose maintenant sur le fond marin, à 1000m de profondeur. C’est un cargo de la compagnie Grimaldi Lines qui a perdu sa cargaison à 27 km du port de Gênes le 2 décembre. L’incident aurait été signalé immédiatement par l’armateur, mais n’a pas fait l’objet d’une communication de la part des autorités italiennes et françaises, déclenchant l'indignation des élus insulaires.
Cette nouvelle ne peut pas ne pas éveiller dans l'esprit des corses le souvenir des "boues rouges". En tant que député de la Corse j'interpèlerai le @gouvernementFR sur cette épisode et ses conséquences sur le plan environnemental et sur le manque d'information depuis le 2/12.⤵️ https://t.co/M1YDliUXfY
— Jean-Félix Acquaviva (@JF_Acquaviva) December 10, 2023
D’autres élus et partis s’insurgent. Patritu di a nazione corsa dénonce “le mutisme des services de l’état”. Femu a Corsica interroge : “comment se fait-il que les autorités italiennes et françaises n’aient pas communiqué sur cet évènement potentiellement très grave ?”
La dilution dans la mer devrait limiter les conséquences
"À une telle profondeur, la cuve ne pourra pas être récupérée. D’après nos experts, si l’acide est libéré, il se mélangera à l’eau de mer sans impact sur l’écosystème.” assure le porte-parole de la préfecture maritime.
Plus mesuré, l'hydrobiologiste de l'université de Corse Antoine Orsini, interrogé sur France Bleu RCFM, précise que la présence de cet acide sulfurique, un des produits les plus utilisés par l'industrie chimique, mérite d'être surveillé : "La libération de cet acide sulfurique peut créer ce que l'on appelle un choc acide " précise-t-il. "On peut assister à une mortalité de d'algues et même de poissons mais ce qui me rassure, c'est qu’avec l’acide sulfurique il n’y a pas de bio-accumulation dans la chaîne trophique. Même si un petit poisson est mangé par un gros poisson que l’on mange, cet acide ne suit pas dans la chaîne alimentaire "
De son côté, le parquet de Gênes a ouvert une enquête pour “pollution dangereuse de l’environnement”. L’ampleur réelle de cette pollution reste encore à déterminer.