Gianluca Bellini et Vincenzo Bertucci, gérant et propriétaire de l'Hôtel des pêcheurs, sont soupçonnés de divers délits financiers. Les deux Italiens ont été placés sous contrôle judiciaire. Me Antoine Vey, conseil du premier, reproche des "dénonciations calomnieuses" comme source de ces accusations.
Située entre la Corse et la Sardaigne, au large de Bonifacio, et souvent présentée comme l'un des joyaux de la mer Méditérranée, l'île de Cavallo est particulièrement réputée auprès des vacanciers les plus fortunés. Petite par sa superficie - environ 120 hectares -, elle pose néanmoins aujourd'hui de grandes questions à la justice, notamment dans la gestion et le fonctionnement de son unique hôtel.
Mercredi 16 août, une opération de la section de recherches de la gendarmerie de Corse a mené, parallèlement à la saisie par les douanes de tabac et d'alcool provenant d'Italie, à l'interpellation de Gianluca Bellini et Vincenzo Bertucci. Respectivement gérant et propriétaire de l'Hôtel des pêcheurs, ils ont été mis en examen vendredi pour les chefs de blanchiment d'argent en bande organisée et escroquerie.
L'enquête, initialement ouverte par le parquet de Bastia et désormais pilotée par la JIRS, la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, s'intéresse notamment à des accusations de blanchiment d'argent, d'escroquerie, de travail dissimulé et d'abus de biens sociaux. Des faits qui seraient survenus entre 2015 et 2021, et représenteraient un préjudice de plusieurs centaines de milliers d'euros, confirme le parquet de Marseille.
Des "dénonciations calomnieuses" d'un ancien salarié
Gianluca Bellini et Vincenzo Bertucci ont tous deux été placés sous contrôle judiciaire. Ils contestent par la voix de leur conseil les accusations portées à leur encontre. Car dans cette affaire, assure Me Antoine Vey, avocat de Gianluca Bellini, il y a avant tout des dénonciations qu'il estime "calomnieuses" d'un ancien employé de l'établissement.
"Il y a six ans, l'hôtel a eu des difficultés avec un salarié, a même eu à faire à un prud'homme que l'établissement a gagné. Ce salarié a donné à des enquêteurs un certain nombre d'allégations, qui ont conduit à des investigations qui, aujourd'hui, font l'objet de vérifications sur l'organisation de l'hôtel et la façon qu'il a de fonctionner", indique-t-il.
Dans le détail, cet ex-salarié aurait ainsi avancé des "dénonciations visant à soutenir que le personnel n'était pas déclaré. L'hôtel apportera tous les éléments pour montrer qu'il a toujours été déclaré. Il y a eu des contrôles URSSAF, des contrôles de la police, la gendarmerie qui se rend régulièrement sur place...", liste l'avocat.
Effectivement, parce que c'est une île, parce que c'est un peu spécifique la façon dont les choses y sont organisées, il y a des questions légitimes que se sont posées les juges, et les dirigeants de l'hôtel vont y répondre dans le cadre de l'information judiciaire en cours.
Me Antoine Vey
"En six années d'investigations, il y a effectivement plusieurs problèmes qui se sont posés, mais qui ne sont pas des problèmes d'une nature gravissime, reprend Me Antoine Vey. C'est le fonctionnement assez traditionnel d'un hôtel. Effectivement, parce que c'est une île, parce que c'est un peu spécifique la façon dont les choses y sont organisées, il y a des questions légitimes que se sont posées les juges, et les dirigeants de l'hôtel vont y répondre dans le cadre de l'information judiciaire en cours."
Des mises en examen, plutôt que des "mises en cause"
Des mises en examen qui seraient finalement presque une chance pour les deux hommes, qui demandaient depuis plusieurs années "à être entendus", insiste Me Antoine Vey. "Le sens d'une mise en examen, même si les gens l'entendent comme une mise en cause, c'est juste la possibilité offerte à des personnes d'avoir accès à leur dossier, et de pouvoir répondre aux questions de l'autorité judiciaire, et d'apporter des éléments", conclut-il.
Me Stéphane Recchi, conseil de Vincenzo Bertucci, n'a à cette heure pas pu être joint.