Les aéroports seraient de véritables réservoirs de biodiversité, c'est ce que défend une association de scientifiques. Ils observent 14 aéroports français dont ceux de Bastia et d'Ajaccio. Leur travail consiste à préserver la faune et la flore tout en tenant compte de la sécurité.
À l'aéroport d'Ajaccio, sur la zone dite réservée qui représente 180 hectares occupés à 70 % par des espaces verts, Roland Seitre et son équipe de scientifiques viennent régulièrement observer la biodiversité.
Un hibou des marais, une espèce rarissime en Corse, s’y est établi, mais d'autres animaux, comme des renards, y ont trouvé refuge. Hier, mardi, les scientifiques ont aussi trouvé un escargot unique en son genre qui ne se trouve que sur la zone de Campo dell’Oro. « Cette espèce était autrefois très répandue dans toute la Corse, mais elle a complètement disparue, sauf qu’elle a été retrouvée ici pour le moment et nulle part ailleurs. L’intégralité de la population mondiale de l’espèce vit ici », précise Roland Seitre, directeur de l'association Hop Bio Diversité.
Une biodiversité qui peut sembler paradoxale, vue la pollution engendrée par les avions. « Je ne vais pas vous dire que c’est une zone polluée, mais je vais vous dire que cette nature-là s’accommode très bien des conditions de vie qui sont présentes sur l’aéroport », complète Roland Seitre.
Oiseaux et orchidées
Dans un coin du tarmac, une prairie de lichens, un phénomène peu ordinaire. La clôture de l'aéroport agit en fait comme un rempart protecteur. « Ce maquis côtier a été extrêmement dégradé par la quantité de gens qui sont venus à la plage pendant des décennies. À l’inverse, sur la zone réservée de l’aéroport, le maquis côtier est en état, il n’a pas été abîmé », reprend le directeur de l'association.
Dans l’espace de l’aéroport, la biodiversité est favorisée par des herbes un peu plus hautes. Une préconisation des scientifiques qui permet aussi de repousser les oiseaux, dangereux pour les moteurs des avions. « Une herbe haute, ce n’est pas attractif pour les oiseaux. Ils ne peuvent pas se déplacer dedans, ils ont du mal à trouver leur nourriture pour la plupart et ils ne se sentent pas à l’aise parce que les prédateurs peuvent leur tomber dessus sans qu’ils les voient », explique Roland Seitre.
Le partenariat entre l'association scientifique et la chambre de commerce a été noué en 2015. « Un aéroport est un site industriel. On peut à la fois concilier les deux, avoir un site industriel et en même temps contribuer à protéger l’environnement et à faire en sorte que cette biodiversité soit mise en avant », estime Laurent Poggi, directeur d'exploitation de l'aéroport Napoléon Bonaparte d'Ajaccio.
L'aéroport compte de nombreuses autres espèces rares, notamment des orchidées.