Ce jeudi 23 mars, la mairie d’Afa a été la cible d’une tentative d’attentat. La porte de l’édifice public a été incendiée, une bouteille de gaz a été retrouvée sur le porche. Un tag « GCC » a été découvert sur la façade. La classe politique insulaire parle quasiment d’une seule voix et dénonce les faits.
La mairie d’Afa ciblée par une tentative d’attentat. Dans la nuit du 22 au 23 mars, la porte du bâtiment public a été incendiée, une bouteille de gaz a également été retrouvée à quelques mètres. Sur la façade, un tag « GCC » a été constaté.
Depuis un an, une série d’attentats a principalement visé des résidences secondaires. C’est la première fois qu’un bâtiment public est ciblé. Des faits, qui ont fait réagir un grand nombre d’élus insulaires.
Dans un tweet, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, écrit : "Il ne peut y avoir d'autre chemin pour l'émancipation de la Corse que celui de la démocratie et de la paix."
La préfecture de Corse estime : "l'atteinte portée à une mairie, maison de tous au cœur de la commune, constitue un acte de déni de la démocratie locale. Dans un État de droit, la violence et l'intimidation ne peuvent aller à l'encontre de la représentation du choix des citoyens."
Le sénateur de la Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi, « condamne » les faits et les interprète comme « une tentative d’intimidation envers l’équipe municipale ». « La recrudescence de telles exactions, que la motivation soit politique ou non, est consternante. Notre société ne peut plus tolérer ce genre d’opérations menaçantes et le recours à la force envers des décideurs publics », poursuit-il.
« La Corse a besoin d’un chemin de paix »
Laurent Marcangeli, député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud, estime : « On ne s’en prend pas à une mairie. On peut avoir des différends, parfois de la colère. Mais s’en prendre à un bâtiment public communal, a casa cumuna, c’est grave. La Corse a besoin d’un chemin de paix, pas d’un chemin de discorde, et de confrontation. On peut construire tous ensemble, dans nos différences, avec nos convictions, mais pas en s’en prenant au bien commun.»
Jean-Félix Acquaviva, député de la 2e circonscription de Haute-Corse, écrit quant à lui que "rien ne peut justifier un tel acte". "La société corse que nous devons construire doit être émancipée et démocratique. Il n'y a pas d'autres chemins", continue-t-il.
« Ces actes entravent le fonctionnement de notre démocratie »
Dans un communiqué, l’ensemble des élus du conseil communautaire de la communauté d’agglomération du pays ajaccien, dont le maire d’Afa est vice-président, « condamne les actes de violences à l’encontre des élus qui se sont multipliés ces derniers mois. Ils entravent le fonctionnement de notre démocratie. » « Ces actes lâches nous obligent collectivement à prendre nos responsabilités pour que cela cesse », conclut-il.
Le président de l’association des maires de Haute-Corse, Ange-Pierre Vivoni, écrit quant à lui : « S’en prendre ainsi à ‘a casa cumuna’, à la maison des citoyens d’une commune, n’est pas tolérable. […] Si aucun acte de violence n’est excusable, une mairie n’est pas un bâtiment comme un autre. »
Le parti de la majorité territoriale, Femu a Corsica, « dénonce » des « faits inacceptables ». Le PNC –Partitu di a Nazione Corsa- estime dans un communiqué : « S’en prendre à une mairie revient pour nous à s’en prendre au service public en général. Et aux services à destination de la population dans la vie quotidienne sur les plans administratif, social, culturel, éducatif et sportif. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur cet acte. La violence n’a jamais été la solution. Nous avons toujours prôné l’idée selon laquelle notre combat devait s’exercer de façon démocratique et publique. »
Le groupe de droite à l’Assemblée de Corse, Un soffiu novu, indique dans un communiqué : « À travers le symbole de l’Hôtel de Ville, c’est la démocratie locale et l’action publique qui sont fragilisées par cet acte. »
« Les mairies piliers sacrés de la démocratie locale »
Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, écrit : "Les Mairies, e case cumune, sont les piliers sacrés de la démocratie locale. J'apporte tout mon soutien à mon collègue et ami Pascal Miniconi, à son Conseil municipal ainsi qu'aux habitants d'Afa suite à cet acte inqualifiable."
Le maire de Porto-Vecchio, Jean-Christophe Angelini, estime quant à lui sur le même réseau social : "Je veux dire ma profonde réprobation de cet acte et mon entier soutien au maire, Pascal Miniconi, à son 1er adjoint, notre militant et ami Paul Miniconi ainsi qu’à l’ensemble des élus."
La Ligue des droits de l’Homme section Corse écrit dans un communiqué : « s'en prendre à une mairie, vouloir installer un climat de peur, c'est agresser la démocratie, les citoyens et leurs représentants. À cet acte inadmissible s'ajoute le risque d'une rivalité entre organisations clandestines. »
L’ensemble des politiques et partis politique ayant réagi apportent unanimement leur soutien au maire et à l’ensemble du Conseil municipal d’Afa. L’attentat contre la mairie d’Afa intervient deux jours après un communiqué du FLNC. En février dernier, une nouvelle organisation clandestine « GCC » - pour Ghjuventu clandestina corsa- a revendiqué 17 attentats dans un communiqué. Dans ce document, annonçant sa constitution, elle indiquait notamment « marcher sur les traces du FLNC »