Dans leurs discours face aux conseillers territoriaux mercredi, les présidents de l'exécutif Gilles Simeoni et de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni ont laissé entrevoir un nouveau rapport de force avec le gouvernement au sujet de l'inscription de la Corse dans la Constitution.
Lors de son discours en ouverture de séance de l’Assemblée de Corse mercredi, Jean Guy Talamoni a fustigé l'attitude des membres du gouvernement.
"Aujourd’hui nous sommes contraints de constater que, de l’autre côté de la table, il n’y a eu aucune bonne volonté, aucun respect du fait démocratique, aucune honnêteté intellectuelle".
Le tandem exécutif corse mènent des discussions avec le gouvernement, afin d'inscrire dans la Constitution les spécificités de la Corse et d'obtenir des marges de manœuvres spécifiques.
Jean Guy Talamoni déplore ainsi l'absence d'avancées concrètes sur le transfert de la fiscalité du patrimoine, la gestion du foncier et la reconnaissance de la langue corse comme une compétence professionnelle.
Les rendez-vous parisiens laissent également un goût amer au président de l'exécutif Gilles Simeoni qui laisse entrevoir l'intensification d'un rapport de force.
"Est-ce qu'à Paris on mesure notre colère", interroge l'élu. "Est-ce qu'à Paris on peut penser, venant d'où nous venons collectivement et individuellement, que nous pourrons accepter d'être traités de façon aussi inique? Ce n'est pas possible".
Aucune mention d'autonomie
La ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault, a détaillé ce projet d'article constitutionnel au tandem corse qui l'a jugé "très en deçà des attentes" des Corses.Ce projet d'article spécifiquement dédié à la Corse dans le cadre de la future réforme constitutionnelle reconnaît des "spécificités" à la Corse, tant géographiques qu'économiques ou sociales, selon l'entourage de Jacqueline Gourault mais la ministre a précisé que l'article ne comportera aucune mention d'une "autonomie" de la Corse.
Le futur article 72-5 prévoit d'entériner dans la Constitution le statut particulier de la collectivité de Corse et ouvre la voie à des "dérogations" dans un cadre prévu par une future loi organique dont les "modalités" et le "périmètre" doivent encore être discutés, a ajouté l'entourage de la ministre.
La "mention" de la Corse dans la Constitution est l'une des rares revendications des dirigeants nationalistes que le président de la République, dans un discours ferme, avait acceptée le 7 février à Bastia.