Pluie, grêle, vent... Le ciel n'a pas vraiment été clément, en Corse, au cours des dernières semaines. La saison estivale ne débute pas vraiment sous les meilleurs auspices. Et les prévisions des prochains jours ne sont guère plus encourageantes.
"On est arrivés à Bastia jeudi dernier, et pour l'instant, ce n’est pas une réussite. On a pu aller à la plage une seule fois, dans le Cap Corse, dimanche. Après avoir traqué les rayons de soleil sur les applications météo... Et encore, on est restés que deux heures au bord de l'eau, il y avait trop de vent".
Comme André et Hermine, les touristes qui se sont rendus en Corse au cours de ce mois de juin, séduits à l'idée de profiter des plages de l'île avant le traditionnel rush des mois de juillet et août, font gris mine.
Même morosité du côté des restaurateurs. Le climat n'est pas vraiment propice aux déjeuners au soleil et les soirées interminables autour d'une bouteille de rosé, en terrasse. Guillaume, responsable d'un établissement de plage dans le sud de Bastia, le reconnaît : "tous les matins, on regarde le ciel, pour voir comment on va aborder le service du midi, avec de moins en moins d'optimisme. Qu'il pleuve ou pas, si le ciel est couvert, on aura moins de monde. D'autant qu'à cette période, on a déjà des touristes, mais surtout beaucoup de locaux qui préfèrent profiter de la plage maintenant qu'au mois d'août. Et eux, au moindre nuage, ils restent à la maison. C'est un mois de juin grisâtre, on dira. Enfin pourri, quoi..."
Il est trop tôt pour évaluer les dégâts, côté chiffre d'affaires. Mais Guillaume estime son activité 15 à 20 % inférieure à ce qu'il escomptait pour le mois de juin 2023.
Grêle
Au cours des dernières semaines, les belles journées estivales ont été rares. Ciel menaçant, temps changeant, nuits parfois fraîches, l'ambiance n'était pas vraiment aux vacances. Patrick Rebillout, chef du centre de Météo-France à Ajaccio, nous le confirme : "du 1er mai au 12 juin, on dénombre 25 jours de pluie, sur une partie ou une autre de la Corse. Il faut remonter à 1984 pour avoir plus. On avait à l'époque enregistré 29 jours".
Mais ces derniers jours, la situation a encore empiré.
Un déluge aussi soudain que spectaculaire s'est abattu, hier lundi 12 juin, à la mi-journée, dans l'extrême-sud et dans le centre Corse. "On buvait un verre sur le port, raconte Lisandru, porto-vecchiais. On a entendu des coups de tonnerre, et d'un coup, ça a explosé. Les panneaux des restaurants ont volé dans tous les sens, et la pluie tombait tellement fort sur le toit en verre de la terrasse qu'on aurait dit de la grêle. On aurait dit ces tempêtes tropicales qu'on voit dans les films..."
À Corte, les pluies diluviennes ont provoqué des inondations d'une quinzaine de locaux, des caves, des restaurants, ou encore des habitations de particuliers. Et plusieurs communes ont été privées d'électricité.
En fin d'après-midi, hier, on relevait 57,5 mm à Conca, et 27,5 mm à Corte.
Marais barométrique
La Corse n'est pas la seule région à avoir été la proie de ces tempêtes aussi brèves que brutales. Le Languedoc, l'Auvergne-Rhône-Alpes, le Sud-Ouest, mais également Paris en ont aussi subi les conséquences.
Le responsable, explique Régis Crepet, météorologue, c'est "un marais barométrique à tendance faiblement dépressionnaire". La conséquence, c'est la formation "d'une zone d'orages parfois forts, se formant souvent sur place et peu mobiles, capables de déverser des quantités d'eau très importantes en peu de temps sur un même secteur".
La pluie devrait toujours menacer, sur une bonne partie de la Corse, aujourd'hui. Demain, et jeudi, Météo France prévoit une amélioration, l'instabilité reste de mise. Vendredi, "le soleil sera bien présent toute la journée", hormis "dans le Cortenais, avec un ciel très nuageux et de petites averses possibles".
Pour le week-end prochain, est prévu un "temps changeant accompagné de possibles ondées éparses".
Et en début de semaine prochaine, de nouveaux orages sont attendus. Mais, selon Patrick Rebillout, le scénario qui se dégage, pour les trois prochains mois, laisse présager "des chaleurs plus élevées encore que la normale". Mais l'avantage des précipitations de ces dernières semaines, c'est que l'on "aborde l'été dans une situation beaucoup plus confortable qu'en 2022, en matière d'humidité des sols".