Témoignages. "Si je ne demande pas que l'on m'aide, je ne rentre pas dans les commerces", la galère de l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap

Publié le Écrit par Jean-Philippe Mattei

Au lendemain de la Conférence nationale du handicap, plusieurs rassemblements ont été organisés par l'APF France handicap. Le but était d'exposer à la population les difficultés qu'ont les personnes en situation de handicap dans leur mobilité au quotidien.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L’initiative est nationale et portée par l’association APF France Handicap. Elle s’intitule « au pied du mur » et a pour but de mettre en avant les difficultés que connaissent les personnes en situation de handicap pour se mouvoir au quotidien.


Le 17 avril, la France a été épinglée par le Conseil de l’Europe. Il conclut dans un avis rendu public, que la France enfreint plusieurs articles de la Charte des droits sociaux, au niveau de la mobilité des personnes en situation de handicap.


Dans l’île, l’APF France Handicap a organisé plusieurs rassemblements. À Ajaccio, devant les grilles de la préfecture, ils étaient une vingtaine, pancartes à la main floquées du slogan du mouvement national. 


Plusieurs nous ont fait part de leurs contraintes au quotidien. C’est le cas de Patrice Scarpellini. Garé devant la préfecture pour l’occasion, il met plus d’une minute pour entrer ou sortir de son véhicule avec son fauteuil roulant. « C’est difficile, j’ai toujours de la force dans les bras donc j’y arrive. Mais pour les personnes qui ont moins de force ça l’est d’autant plus. On espère qu’il y ait de petits changements, la loi date de quelques années maintenant. Il y a des réglementations quand les trottoirs sont courts mais pas quand ils sont longs. Quand on se gare sur certaines places, on ne peut pas monter sur le trottoir, alors on roule sur la route ».


Et ce manque d’accessibilité a évidemment une incidence sur ses destinations : « on ne fréquente plus la ville parce que les magasins ne sont pas accessibles. Il y a des places PMR qui sont prises par les valides, il y en a aussi qui ne sont pas réglementaires puisqu’elles sont en légère pente et le fauteuil peut nous échapper ».


Jean-Paul Micaelli utilise un fauteuil roulant électrique « il y a les chaises, les terrasses des bars et certains commerces ne sont pas adaptés. Dans certaines pharmacies il y a des bacs en plexiglas qui nous empêchent d’entrer. À la poste aux Salines le trottoir nous empêcher d’entrer. » 
Si les infrastructures ne sont pas forcément présentes pour faciliter la mobilité des personnes à mobilité réduite, Jean-Paul Micaelli compte sur la solidarité : « oui les employés dans les commerces ils viennent, il n’y a pas de problème. Mais c’est pénible de demander à chaque fois. Si je ne demande pas que l’on m’aide, je ne rentre pas… »

Ancienne directrice de l’APF France Handicap, Marie Leonis a tenu à être présente au rassemblement. Selon elle, le problème majeur, ce sont les lois : « il y en a une adoptée en 1975 et une autre en 2005 (elle stipule qu’une personne handicapée doit pouvoir accéder à tous les bâtiments recevant du public et évoluer de manière continuer sans rupture ndlr) qui devait tout chambouler. Il n’y a aucune application de sanctions donc les gens s’en fichent ».


À Bastia, les adhérents de l’APF Handicap ont collé plusieurs affiches dans toute la ville avec l’hashtag #aupieddumur, avant de se rassembler devant la préfecture. Les personnes touchées, mettent en avant le mauvais accès aux lieux publics, comme l’hôpital de Falcunaghja : « une personne qui prend les transports en commun pour se rendre à l’hôpital ne peut pas se rendre à l’établissement par la force des choses. La pente est trop importante, et il n’y a pas d’aménagements spécifiques. En revanche, si l’on vous dépose directement devant, il y a une rampe d’accès, et tout va bien. ».


Pour Julien Taffarelli, directeur territorial des actions associatives de l’APF France Handicap Corse, la problématique est topographique et architecturale : « tout le monde sait qu’en Corse nous avons du relief, ça crée une problématique supplémentaire pour la mise en accessibilité des villes. Il y a également un bâti ancien avec un centre historique qui est développé et qui crée des contraintes. Le but est alors de trouver des formes de compromis entre tous les acteurs pour mettre en accessibilité des monuments classés tout en respectant les différentes problématiques architecturales que peuvent imposer les architectes des bâtiments de France par exemple ».

Ce mercredi 26 avril, lors de la Conférence nationale du handicap, Emmanuel Macron a annoncé avoir l’intention de débloquer 1,5 milliard d’euros pour renforcer l’accessibilité aux lieux publics. 
Reste à savoir si cette promesse sera traduite par de réelles améliorations sur le terrain.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information