Après le terrible séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre dernier, la solidarité s'organise. En Corse, la gérante d'une boutique d'artisanat en Balagne a récolté plusieurs centaines de dons. Ils seront acheminés vers le Maroc en fin de semaine prochaine.
Claude Filippi tient une boutique d’artisanat à Santa Riparata di Balagna. Pour son métier, elle est en lien au quotidien avec des dizaines d’artisans du pourtour méditerranéen.
Le 8 septembre dernier, lorsque le terrible séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter frappe le Maroc, elle apprend la catastrophe pratiquement en direct : "J’étais en ligne avec une artisane lorsque ça s’est produit. Il y a eu un grand bruit, puis j’ai entendu crier et ça a coupé. Là j’ai compris qu’il se passait quelque chose. J’ai mis la télévision mais au début, l’information n’était pas sortie alors j’ai essayé d’appeler d’autres artisans et c’est ainsi que je l’ai appris."
Le séisme fait plus de 3.000 morts, au moins le double de blessés et on estime que 50.000 habitations ont été totalement ou partiellement détruites. C'est le tremblement de terre le plus important jamais connu par le Royaume.
Immédiatement, Claude Filippi appelle ses contacts sur place, bien décidée à ne pas rester les bras ballants face à ce drame qui se joue de l'autre côté de la Méditerranée.
Elle lance un appel aux dons sur les réseaux sociaux... Le succès est immédiat : "Des centaines de personnes, de toute la Corse : d’Ajaccio, de Bastia, de Plaine orientale, des villages de l’intérieur et bien sûr de Balagne se sont mobilisées et ont envoyé des dons. Résultat, aujourd'hui, on en a collecté plusieurs centaines !"
Une démarche à laquelle se sont associés les Chemins de Fer de la Corse. L'entreprise a mis à disposition l’envoi gratuit de colis via le train jusqu'à la gare de l'île Rousse où ils étaient réceptionnés. Parfois, jusqu'à 20 colis par train sont arrivés : "Ça a mis un coup d'accélérateur, les gens se sont mis à déposer massivement des dons au train" assure Claude Filippi.
Trieuse à temps plein
La mission n'est pas de tout repos car il a fallu trier et classer les dons reçus : "Je me suis transformée en trieuse à temps plein depuis 10 jours... et nuits. Cette nuit encore, nous avons trié jusqu’à 2 heures du matin avec une amie. On ne peut pas s’arrêter car avec tout ce qu’on reçoit, si on perd la cadence, on est mort !" s'exclame la gérante.
La grande majorité des colis envoyés contiennent des vêtements, surtout pour les enfants, et des couvertures. Claude a même dû fermer boutique, et pour cause : la quantité de cartons reçus ne permettait plus d'accéder au magasin.
Contacts sur place
Si l'aide humanitaire française peine à arriver, Claude Filippi l'assure, les colis corses, eux, parviendront bien à destination : "Les cartons seront acheminés à Marseille et confiés à des transporteurs marocains, qui vivent au Maroc. J’ai les contacts, c’est ce qui va nous permettre d’apporter tout ce qu’on a récolté à bon port."
Une fois arrivés sur place, les colis de vêtements seront distribués directement aux Marocains. Claude Filippi va s'en assurer et là encore, mobiliser son réseau : "On connaît parfaitement la diaspora corse présente sur place, on a des contacts dans des orphelinats, c'est à eux que reviendront les habits pour enfants en priorité. Malheureusement, les orphelinats sont pleins parce que beaucoup d'enfants ont perdu leurs parents dans la catastrophe."
Aujourd'hui, Claude Filippi a clôturé les appels aux dons, pour se concentrer sur la logistique et le suivi des colis. Une nouvelle campagne de collecte pourrait être organisée cet hiver.