Il y a deux ans, c'est en pleine crise des déchets que les nationalistes accédaient au pouvoir. Si l'Assemblée a depuis adopté un plan de réduction, cet automne les centres d'enfouissement arrivent à saturation. Sous l'apparente tranquillité la crise des déchets couve encore...
En matière de déchets, il n’y aura pas de crise visible cette année. Pas de Noël, comme celui de 2015, où les sacs poubelles s’entassaient dans les rues d’Ajaccio. Car malgré le risque annoncé d’un nouveau blocage, les élus du territoire de Viggianello viennent d’accepter une nouvelle augmentation du tonnage dans la décharge.
Cette dernière est située sur leur commune et est utilisée par toute la Corse. Si sa capacité initiale était fixée à 45 000 tonnes par an, elle passe en août dernier à 76 000 avant d’atteindre 100 000 tonnes en octobre. Un tonnage deux fois plus élevé que l’autorisation initiale.
Cent kilomètres plus loin, à Prunelli, s’étale une deuxième décharge. Et là aussi, la préfecture a augmenté le volume autorisé de l’enfouissement. Un choix qui a mené les habitants, comme les élus, à afficher des postures combatives, comme ce fut le cas en septembre dernier. « De nouveau on nous pond un arrêté préfectoral pour augmenter les quantités à enfouir par mesure réquisitoire.
C’est en complète contradiction avec le protocole d’accord. Je suis là, donc vigilant, et je ne les laisserai pas faire », indiquait alors Francis Carlotti du collectif contre le tout enfouissement. Malgré la mobilisation Prunelli a fini par accepter les tonnes en plus.
« La révolution par le tri »
L’augmentation des capacités des déchèteries de Viggianello et Prunelli s’explique par les fermetures consécutives, en 2015 et 2016, des sites de Tallone et Vico, ainsi que par la dérogation permanente des arrêtés préfectoraux. Cette dernière restant tout de même le seul outil efficace pour gérer les déchets.
Pourtant, en mai 2016, l’exécutif s’était engagé à trouver une solution. Un nouveau plan avait alors été lancé : « La révolution par le tri » dans lequel était prévue la création d’un maillage d’installations de compostage et de centres de tri à travers toute la Corse.
La collectivité territoriale le sait, un autre site d’enfouissement est nécessaire. Certes le tri augmente mais toujours moins vite que la production de déchets. Elle mise alors sur l’ouverture de Tallone 3 et l’entreprise Staneco. Mais dès février 2017, les habitants de la commune disent non. Ils n’ont plus confiance dans le provisoire quels que soient les changements dans l’exécutif.
Dans les entreprises du secteur, le climat d’affaire s’est aussi dégradé. Des incendies ont touché deux des recycleries de l’île. Et d’un bout à l’autre de la Corse, des entrepreneurs se battent devant les tribunaux pour leurs projets. Calda immobilier, Oriente environnement et la Staneco sont toujours engagées dans des procédures contre l’État ou les communes.
Ces affaires devraient d’ailleurs faire parler d’elles début 2018. Tout comme un nouveau projet sur la commune de Viggianello qui a déclenché la colère des habitants de la commune. Son promoteur qui gère déjà le premier site s’appuie sur le tri. Sur cette question, l’État devrait également se prononcer début 2018.