Le 9 décembre dernier, Gilles Simeoni a présenté le plan "Salvezza et Rilanciu" à Emmanuel Macron dans un courrier. La réponse du président de la République, rendue publique la semaine dernière, a réduit les espoirs du président du conseil exécutif de Corse.
Dans un courrier adressé au président du conseil exécutif de Corse, qui circule depuis plusieurs jours et daté du 23 décembre, Emmanuel Macron rejette le plan "Salvezza è Rilanciu".
Co-construit entre la Collectivité de Corse (CdC) et les acteurs économiques et sociaux insulaires, son premier volet a été adopté à l'unanimité par l'assemblée de Corse le 27 novembre dernier. Il prévoit le déblocage de 400 millions d'euros, financés à hauteur de 100 millions d'euros par la CdC.
Le volet « Salvezza » du plan « Salvezza è Rilanciu » présenté par le Conseil exécutif de #Corse, largement soutenu par les forces vives de l’île, est adopté à l’unanimité par l’Assemblée de Corse !
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) November 27, 2020
Une avancée majeure dans la négociation à venir avec le Gouvernement. pic.twitter.com/SDGIjXKTLf
Quant aux 300 millions d'euros restants, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, espérait un engagement de l'État. Une attente balayée d'un revers de main par Emmanuel Macron.
"Améliorations du paysage économique encourageantes"
Ainsi, dans ce document de deux pages, le président de la République précise : "sur 1,6 milliard d'euros d'aides de l'État qui ont été mobilisés au bénéfice des entreprises corses dans le cadre de la crise sanitaire, 455 millions d'euros excèdent les montants mobilisés au plan national par l'État dans les autres régions de France."
En s'appuyant sur les indicateurs à sa disposition - l'emploi, la baisse des défaillances d'entreprises et la pleine mobilisation des dispositifs de soutien de l'État- Emmanuel Macron arrive à une conclusion : "[ils] témoignent d'améliorations du paysage économique encourageantes pour la Corse. […] Tout cela nous laisse à penser que les dispositifs mis en place commencent à porter leurs fruits."
Lire la lettre d'Emmanuel Macron en intégralité
Quant au lancement du plan voté par l'assemblée de Corse, le président de la République répond : "en matière de mise en œuvre du plan de relance la méthode retenue par le gouvernement pour sa mise en place en Corse ne saurait faire exception à celle adoptée pour toutes les autres régions, étant donné qu'elle permet déjà une prise en compte des spécialités territoriales."
Un "désaccord total et radical"
Interrogé, Gilles Simeoni se dit en "désaccord total avec la lettre du président de la République." Selon lui, l'argument avancé par Emmanuel Macron selon lequel la Corse a été "beaucoup plus aidée" que les autres régions "n'est pas exact."
Sur le diagnostic présentant la "situation économique et sociale globalement positive de l'île", le président du conseil exécutif de Corse se dit, une nouvelle fois, en "désaccord radical." " Je suis persuadé que la Corse est dans une situation extrêmement inquiétante qui risque de s'aggraver dans les prochains mois", précise-t-il.
Les propositions effectuées par le chef de l'État ne convainquent pas plus Gilles Simeoni. "Le président de la République dit qu'il faut calquer, pour la Corse, les réponses de droit commun. Ceci ne peut évidemment pas nous satisfaire."
"Condamnés à réussir ou à échouer ensemble."
Jean-Martin Mondoloni, président du groupe Per l'avvene à l'Assemblée de Corse, a voté en faveur du plan Salvezza le 27 novembre dernier.
S'il concède que l'État a été présent durant la crise sanitaire, il estime néanmoins que le "diagnostic posé [par Emmanuel Macron] qui vise à démontrer que les choses vont plutôt bien en Corse est erroné et ne souffre pas la comparaison et l'analyse telle qu'elle est vécue par un certain nombre de professionnels qui ne sont pas loin de mettre la clef sous la porte."
Selon le président du groupe Per l'avvene l'État et la collectivité de Corse "sont condamnés à réussir ou à échouer ensemble." Et espère pouvoir de sortir de cette crise sanitaire par le haut tout en regrettant que l'exécutif insulaire se soit "un peu trompé en bâtissant un plan et en présentant l'addition."
"Cette réponse n'est absolument pas une fin de non-recevoir"
Dans un communiqué, publié le 12 janvier, Jean Dominici, président de la chambre de commerce et d'industrie se veut plus rassurant. Selon lui, la réponse d'Emmanuel Macron à Gilles Simeoni "n'est absolument pas une fin de non-recevoir".
Jean Dominici reconnaît ne pas partager les mêmes appréciations que le président de la République sur la situation économique insulaire notamment "celles relatives aux indicateurs qui traduiraient une situation en voie d'amélioration". Et évoque une "situation locale très mauvaise."
Communiqué de Presse I Le Président de la CCI de #Corse, Jean Dominici, appelle les représentants de l'Etat et de la Collectivité de Corse à s'asseoir à la table des négociations. pic.twitter.com/kWzSDbGYmk
— CCI de Corse (@CciCorse) January 12, 2021
Il appelle l'État et la Collectivité de Corse à s'asseoir à la table des négociations.
Au moins 190 millions d'euros de soutien financier
Dans sa lettre, Emmanuel Macron stipule que "50 millions d'euros de crédits relance territorialisés sont immédiatement mobilisables par le préfet de Corse."
Le chef de l'État indique dans le même temps avoir "donné mandat" au préfet de région afin d'établir, en concertation avec les institutions locales, "un cadre de négociation permettant de prendre en compte la spécificité des dispositifs de soutien économique mis en place sur l'île."
En tout, pour 2021 et 2022, le soutien financier de l'État à la relance et au développement de la Corse s'élève "au moins à 190 millions d'euros", estime le président de la République.
Afin d'apporter une réponse la plus efficace et la plus cohérente possible, le président du conseil exécutif de Corse compte consulter dans les jours à venir, les élus territoriaux, la chambre de commerce et d'industrie ainsi que les syndicats. Le second volet du plan "Salvezza è Rilanciu" doit, normalement, être examiné par l'Assemblée de Corse lors de la séance publique des 28 et 29 janvier.