Ce vendredi 7 avril, le procureur de la République d’Ajaccio a confirmé la mise en examen de trois personnes pour fraude à l'urbanisme sur le domaine de Murtoli. En 2017, des associations de défense de l’environnement avaient porté plainte pour dénoncer l’illégalité de certaines constructions.
Paul Canarelli, Valérie Guilbert, son ex compagne, et Stéphane Lucchini, architecte, ont été mis en examen pour fraude à l'urbanisme sur le domaine de Murtoli, à Sartène. Une information révélée par Corse Matin et confirmée à France 3 Corse ViaStella par le procureur de la République d’Ajaccio.
Le fondateur du domaine, Paul Canarelli, est soupçonné, détaille l'AFP, d'avoir effectué des travaux sans permis de construire ou autorisation préalable et en infraction avec le plan local d'urbanisme, d'avoir exécuté des travaux ayant modifié sans autorisation un monument naturel ou un site classé et
d'avoir aménagé un golf sans permis préalable, ont indiqué des sources proches du dossier.
Le dossier concerne 35 constructions édifiées au sein du complexe hôtelier de luxe. S’étendant sur 15 kilomètres, il comprend notamment une quinzaine de bergeries avec piscine, deux restaurants et un terrain de golf.
L'enquête s'est intéressée aussi à la construction de trois bâtiments agricoles pour laquelle les propriétaires du domaine ont touché une aide de 400.000 euros de l'Office du développement agricole et rural de la Corse (Odarc). "Le bâtiment A qui devait être un bâtiment agricole, n'a jamais été construit et en lieu et place, ce sont des chambres et suites de luxe qui ont été construites", relèvent les enquêteurs, à l'AFP, qui estiment qu'"une bonne partie" de la subvention "a été obtenue frauduleusement".
"Des points pour la plupart prescrits, déjà régularisés, ou en cours de régularisation"
Dans un communiqué adressé à la rédaction de France 3 Corse, "Paul Canarelli dément ces accusations particulièrement graves, qui attentent à son honneur et à sa probité."
"Aucune subvention n'a été perçue pout la construction de bâtiments agricoles de la part de l'Odarc. [...] La procédure qui vise Paul Canarelli est fondée exclusivement sur des infractions non établies à ce jour aux règles de l’urbanisme. Il est serein sur la suite de la procédure. Les points qui sont soulevés sont, en effet, pour la plupart prescrits, déjà régularisés, ou - nonobstant ce que peut en dire la partie adverse - en cours de régularisation, en accord avec les services administratifs concernés", précise le courrier.
Un golf établi sur un site classé ?
En 2017, trois associations de défense de l’environnement – U Levante, ABCDE et France Nature Environnement – avaient porté plainte pour dénoncer, notamment, la construction de bergeries sans permis et l’établissement d’un golf sur un site classé. Cette plainte au pénal avait conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet d’Ajaccio en 2019.
L'avocat de l'association U Levante, Me Benoist Busson, salue "un travail très sérieux qui a duré quatre ans". "Un juge d'instruction a été saisi par le procureur Eric Bouillard en 2019, donc c'est une affaire importante. Contrairement à ce que peut dire l'avocat de Paul Canarelli, je n'ai pas connaissance de régularisation, et ce n'est pas possible en droit. U Levante réclame la remise en état et la démolition de ces constructions", continue-t-il.