Un compromis de vente de 1.7 million d’euros a été signé en faveur de la municipalité de Sisco. Son maire a désormais jusqu’au 31 janvier 2024 pour finaliser la vente et lance notamment un appel à la population.
La fin de plusieurs décennies de travail. En février dernier, le maire de Sisco, l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) et le liquidateur judiciaire ont signé un compromis de vente de 1.7 million d’euros pour le domaine de Sainte-Catherine.
Afin que les 12 hectares et les 800 mètres carrés des lieux tombent définitivement dans le giron communal, Ange-Pierre Vivoni a jusqu’au 31 janvier 2024 pour proposer un projet économique viable. Pour ce faire, un prêt de deux millions d’euros a été contracté par la municipalité.
En plus des aides de la région, de l’État et de l’Europe que l’édile compte solliciter, il en a appelé à la mobilisation des cap-corsins et des élus locaux le 27 mars dernier, afin de l’accompagner dans ce rachat. Ange-Pierre Vivoni répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Pourquoi lancer cet appel à la population ?
Nous avons obtenu un prêt de 2 millions d’euros, qui sera remboursé sur 40 ans, à hauteur de 60 000 euros par an. Un budget mis « à part » dans les finances de la commune, afin d’éviter que cet emprunt ne pèse sur les Siscais. À terme, les dépenses pour Sainte-Catherine seront assurées par les recettes.
Pour le reste des financements nous avons sollicité une souscription à la Fondation du Patrimoine qui a accepté. Mais nous devons aussi trouver nous-mêmes des mécènes, et quand je dis mécènes, c’est tout le monde. Même un don de 10 euros, c’est énorme. Le but de cet appel est de récolter assez d’argent pour faire diminuer l’emprunt de la commune et ainsi pouvoir faire plus d’investissements. Nous nous donnons jusqu’au mois de décembre 2023.
Quels sont les projets prévus pour le domaine de Sainte-Catherine ?
Nous allons organiser plusieurs réunions avec la population pour qu’elle puisse décider. Personnellement, je ne souhaite qu’une chose : que l’église redevienne un lieu de pèlerinage européen. Même les musulmans pourront venir, car il faut savoir que l’église renferme le seul minaret de Corse.
Les deux assistants de maîtrise d’ouvrage que nous ont été accordées nous diront ce que l’on peut faire ou non dans les 800 mètres carrés à l’intérieur du manoir. Il faut savoir une chose, les 27 hectares de terrains [dont la moitié appartient déjà à la municipalité ndlr.] resteront inconstructibles, nous travaillerons avec des agriculteurs.
Quelle importance revêt cette acquisition pour vous et peut-être pour la Corse ?
Pour les deux ! (rires) Je vais vous dire la réponse donnée par Saladin à un chevalier anglais lorsqu’il prend Jérusalem en 1187. Le chevalier lui demande : « Que représente pour toi Jérusalem ? » , il dit : « Rien ». Et puis il se retourne et il ajoute : « Tout ». Pour moi, c’est pareil. Je n’ai aucun intérêt personnel dans Sainte-Catherine, mais elle représente tout.
Cela représente 30 ans de travail et de combat pour qu’elle ne parte pas à vau l’eau. Cela représente aussi tout ce que les Siscais ont fait depuis le 1er millénaire, ceux qui ont travaillé pour Sainte-Catherine et qui se sont aussi battus.
Cela doit tout représenter pour la Corse. À mes yeux, Sainte-Catherine, c’est notre Jérusalem en quelque sorte. C’est une partie de l’histoire du bassin méditerranéen.