Pour ce premier tour des élections législatives, une forte participation est attendue au niveau national. Cela pourrait engendrer, mécaniquement, un nombre important de triangulaires pour le second tour. Qu'en sera-t-il en Corse où le dernier cas de figure remonte à 2012 ?
Qu'est-ce qu'une triangulaire ?
On parle de triangulaire lorsque trois candidats se qualifient pour le second tour d'une élection.
Elle peut se produire lors d'élections municipales ou législatives. En revanche, cela n’est pas possible pour les élections européennes (qui ne comportent qu’un seul tour de scrutin), ou la présidentielle (où seuls les deux candidats arrivés en tête sont qualifiés).
En effet, pour les élections législatives, chaque candidat qui recueille les votes d'au moins 12,5% des inscrits sur les listes électorales est qualifié. C’est la raison pour laquelle on assiste parfois à des triangulaires au second tour.
À noter qu'au second tour, le candidat qui arrive en tête est élu, même s’il n’obtient pas plus de 50% des voix.
Pourquoi le nombre de triangulaires pourrait être important ?
Pour ce premier tour des élections législatives, une participation élevée est attendue. Selon un sondage Odoxa-Mascaret, elle pourrait s'établir entre 64 et 68 %. Il faut remonter aux élections législatives de 1997 pour observer un taux de participation aussi élevé lors d’un premier tour.
Or, plus ce chiffre est élevé, plus la probabilité de triangulaires augmente. Ainsi, selon les projections issues du sondage précité, le nombre de triangulaires sur l’ensemble du pays pourrait s’établir entre 160 et 200.
La participation étant en nette hausse sur l'île, la possibilité d'une ou plusieurs triangulaires n'est donc pas exclue. À 17 heures, sur l'ensemble de l'île, elle dépassait les 52%, soit 17 points de plus qu'en 2022 à la même heure.
En Corse, combien de voix faut-il obtenir pour se qualifier au second tour ?
Si aucun des candidats n'est élu au premier tour, ce sont les deux arrivés en tête qui sont qualifiés pour le second. Un troisième candidat peut également être présent au second tour, s'il recueille 12,5% des inscrits.
La barre à atteindre est variable dans les quatre circonscriptions :
- Dans la première circonscription de Haute-Corse, il y a 62 082 électeurs inscrits. La barre des 12,5% des inscrits pour qualifier un troisième candidat est donc à 7 761 voix.
- Dans la deuxième circonscription de Haute-Corse : 67 903 inscrits. La barre des 12,5% des inscrits pour une triangulaire est donc à 8 488 voix.
- Dans la première circonscription de Corse-du-Sud : 52 447 inscrits. La barre des 12,5% des inscrits pour une triangulaire est donc à 6 659 voix.
- Dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud : 62 510 inscrits. La barre des 12,5% des inscrits pour triangulaire est donc à 7 814 voix.
Y a-t-il déjà eu des triangulaires dans l'île ?
Dans l’histoire récente de la politique insulaire, on peut citer les élections législatives de 1997 - déclenchées là encore par la dissolution de l'Assemblée nationale. Le député de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud Jean-Paul de Rocca-Serra avait alors été mis en ballottage par Denis de Rocca-Serra (DVD) et Dominique Bucchini (PCF). Le sortant avait ainsi remporté l’élection au second tour avec 34,8 % des suffrages exprimés.
Plus récemment, en 2012, une autre triangulaire s’était produite dans la première circonscription de Haute-Corse. Le député UMP sortant, Sauveur Gandolfi-Scheit, avait dû faire face à Gilles Simeoni et Jean Zuccarelli. Le maire de Biguglia l’avait finalement emporté avec 38,07 % des suffrages, devant le candidat autonomiste (31,22 %) et celui du PRG (30,71 %).