Sur l'île, en 2020, 28.000 habitants vivent dans un logement suroccupé, c'est-à-dire trop petit au regard du nombre de ses occupants, détaille une étude Insee. 8 % de la population insulaire est ainsi concernée. C'est trois points de plus que la moyenne pour la France de province.
Le mal-logement peut recouvrir de multiples formes, et la suroccupation fait partie d'entre elles. Et la Corse est particulièrement concernée : on estime que 28.000 habitants - soit 8 % de la population - vivent, en 2020, dans un logement suroccupé, c'est-à-dire trop petit au vu de la taille du ménage.
Des données révélées dans une étude Insee parue ce 9 juillet, faisant de l'île la deuxième région de France de province la plus concernée par cette problématique, derrière la Province Alpes Côte D'Azur. Comparativement, la moyenne de suroccupation d'un logement pour la France de province est de 5%, 3 points de moins que la moyenne insulaire.
Peu de grands logements et des tensions du marché immobilier
Dans l’île, détaille l'étude, la surreprésentation de ce phénomène est due d’abord aux caractéristiques du parc immobilier. "En effet, les populations concernées résident surtout en appartement. Or ce type d’habitat est plus fréquent en Corse où il représente 53 % des résidences principales contre 37 % en France de province."
Plus encore, les grands logements sont plus rares : un logement sur dix dispose de six pièces ou plus en Corse, contre deux sur dix en province. Enfin, et alors que l'île est la région la pauvre de l'Hexagone - 18 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté -, "les tensions du marché de l’immobilier et la faiblesse des revenus poussent les foyers les plus modestes à se tourner vers des logements plus petits et inadaptés à leur structure familiale pour entrer dans leur budget."
Les habitants des grandes villes et des zones touristiques plus souvent concernés
La suroccupation est plus fréquemment constatée dans les communes urbaines que rurales, indique l'Insee. En Corse, un tiers de la population vit dans les deux plus grandes villes. En conséquence, 11% des Bastiais et 9% des Ajacciens vivent dans un logement suroccupé. Dans certains quartiers bastiais, la suroccupation dépasse même le double de la moitié régionale : 18 % à Erbajolo, 17 % à Paese Novu, et 16 % dans le quartier de la mairie, est-il précisé.
Certains territoires touristiques sont également particulièrement concernés : dans la communauté de communes du Sud Corse, 10 % des résidants habitent un logement suroccupé. La faute, notamment, au nombre important de résidences secondaires, qui accentue la pression foncière, et réduit l'offre en logements grands, qui deviennent plus rares et plus chers. "Les intercommunalités de l’Île-Rousse-Balagne, et du Sartenais-Valinco-Taravo sont dans la même situation avec, en outre, une part importante de logements collectifs", est-il noté.
Comparativement, dans le Celavu-Prunelli, la part d’habitants dans un logement suroccupé est plus faible (6 %). La population la moins confrontée à cette dimension du mal-logement est celle des intercommunalités Pasquale Paoli et du Cap Corse (5 %), territoires ruraux peu peuplés, pour lesquels les trois quarts des logements sont des maisons.
Les familles monoparentales et d'ouvriers plus touchés
Les familles monoparentales sont les plus à mêmes de résider dans un logement trop petit, constate enfin l'Insee. Ainsi, 18 % des insulaires vivant dans une famille monoparentale habitent dans un logement suroccupé. Une proportion qui a tendance à augmenter avec le nombre d'enfants.
"Les frais liés au logement sont des dépenses incompressibles, elles représentent 27 % de la dépense de consommation finale de l’ensemble des ménages. Si vivre en couple permet de réaliser des économies d’échelle, ceci est impossible dans une famille monoparentale", explique l'étude.
À l’inverse, les couples sans enfant sont épargnés : moins de 2 % habitent dans un logement suroccupé, en Corse comme en province.
Également, et sans surprise, plus les revenus sont faibles, plus le risque de vivre dans un logement suroccupé est élevé. Les familles dont le référent est sans activité professionnelle ou ouvrier sont trois fois plus souvent dans une situation de suroccupation du logement que celles des cadres. En Corse, 13 % des familles dont le référent est ouvrier habitent dans un logement suroccupé, quand les familles de cadres, de professions intellectuelles supérieures et de retraités sont très peu concernées par cette dimension du mal-logement.
À noter que la problématique de la suroccupation en Corse a globalement augmenté en 2020 par rapport à quatre ans plus tôt, en 2016 : 6,1 % de la population vivait alors dans un logement surpeuplé, note une autre étude Insee. À l’inverse, le phénomène était encore plus marqué en 2010 : on comptabilisait alors 12,4 de la population insulaire dans cette situation.
Qu'est-ce que la suroccupation ?
La suroccupation est déterminée en fonction de la place disponible ou de l'intimité pour un ménage. On compare ainsi dans ce cadre le nombre de pièces du logement, et leur taille, et la composition du ménage qui l'occupe.
On parle par exemple de suroccupation dans le cadre d'un couple vivant avec ses trois enfants dans un logement de deux pièces, détaille l'institut national de la statistique et des études économiques.
Plus largement, un logement est estimé suroccupé dès lors qu'il lui manque au moins une pièce par rapport à la norme "d'occupation normale", fondée sur :
- une pièce de séjour,
- une pièce pour chaque personne de référence de chaque famille occupant le logement,
- une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans ou plus,
- une pièce pour deux enfants s'ils sont du même sexe ou ont moins de 7 ans,
- et sinon, une pièce par enfant.