Pierre-Jean Luccioni continue d'immortaliser la vie et le savoir-faire des bergers. Dans son troisième livre consacré aux pastori di Corsica, le journaliste dévoile leur mode de vie à travers l’histoire. Avant basée sur la participation familiale, la profession est de plus en plus solitaire.
Paul-Marie Nicolosi est berger. Une vocation qui date pour lui depuis l’enfance. Ses parents ont essayé de l’en dissuader car les conditions de travail sont difficiles. Pour les bergers, le foncier reste un problème majeur. Les terrains disponibles sont vites captés par l’immobilier ou les filières agricoles plus rémunératrices comme la viticulture ou l’arboriculture. En 20 ans notre île a perdu environ 30% de ses éleveurs ovins et caprins. Ils sont un peu moins de 700 aujourd’hui.
Une profession autrefois basée sur l'entraide en famille
Dans son ouvrage Esse è campà le journaliste de France 3 Corse ViaStella Pierre-Jean Luccioni rend hommage à une profession longtemps marginalisée. Il met en avant le mode de vie des bergers, autrefois basée sur l’entraide familiale.« La famille était une entreprise, relate-t-il à notre micro. Tout le monde avait un rôle. Surtout la femme, qui faisait beaucoup de choses. Le berger ne s’occupait que de son troupeau. Les femmes s’occupaient du foyer, trayaient, faisaient le fromage. Les enfants surveillaient les bêtes, ils ne pouvaient même pas aller à l’école, ils devaient aider leur parents. Il y avait les oncles, les tantes… C’était une communauté. C’est ça qui était intéressant à analyser. Aujourd’hui cette communauté a explosé, elle a disparu. »
De la préhistoire à aujourd’hui le berger a été un personnage central de la vie insulaire. Le pastoralisme a enrichi notre fond culturel et patrimonial
Pastori di Corsica - Tome 3, Esse è campà. Mode de vie et savoir-faire, Pierre-Jean Luccioni, Editions Alain Piazzola, 38€.